« Le système de santé est bousculé, fragilisé, et ne doit pas être rafistolé, mais repensé, pour être bien reconstruit. Car même les professionnels de santé ont perdu le sens de leur mission à force de nomenclatures et de rationalisations parfois absurdes », a introduit Gérard Raymond, président de France Assos Santé, à l'occasion d'une conférence de presse tenue mardi 11 janvier.
En vue de l'élection présidentielle, l'Union nationale des associations agrées d'usagers du système de santé (UNAASS), qui a donné son nom en 2017 à France Assos Santé, veut se positionner comme un acteur de référence et porter la voix des usagers pendant la campagne.
« Nous souhaitons que les candidats puisent dans nos propositions pour construire leur programme. Nous nous tenons à leur disposition pour en discuter », a affirmé Gérard Raymond devant la presse.
Conventionnement sélectif, paiement à l'acte et pluriprofessionnalité
Objectif de l'organisation ? Tendre vers un système de soins plus juste : « Liberté, égalité et fraternité en santé », a martelé son président.
Pour répondre aux problèmes d'accès aux soins, France Assos Santé plaide pour une « répartition de tous les professionnels de santé sur l'ensemble du territoire ».
Très concrètement, Gérard Raymond réclame « l'obligation d'installation des professionnels de santé dans les zones sous-dotées, afin de répondre aux besoins » de la population alors que celle-ci est de plus en plus vieillissante.
De manière un peu paradoxale toutefois, il rejette la possibilité de « forcer les jeunes médecins » à s'installer là où ils ne le souhaiteraient pas.
L'organisation, qui représente 15 000 représentants d'usagers, se dit également plus favorable « au paiement au forfait plutôt qu'à l'acte ».
« En France, la majorité des professionnels de santé sont rémunérés à l'acte. Ce mode de paiement favorise la productivité et, de ce fait, est susceptible d'entraîner des dérives, telles que des actes inutiles, aux dépens du patient mais aussi de la collectivité Il existe un autre système de rémunération, le paiement au forfait, qui vise à valoriser les efforts de prévention et inciter les professionnels (...) à adopter une démarche axée sur la qualité et la pertinence des soins », peut-on lire dans le document rendu public par France Assos Santé.
Fervent défenseur des structures pluriprofessionnelles, Gérard Raymond a aussi, lors de son intervention, plaidé en faveur « d'un exercice non plus solitaire mais solidaire » en favorisant le développement des structures comme les MSP et les CPTS.
Suppression des dépassements d'honoraires, Grande Sécu et taxe santé sur l'alcool
Et alors que le projet de Grande Sécu refait surface ces derniers temps, l'organisation défend « un régime unique de Sécurité sociale (...) plus solidaire ». Ce régime devra « prendre en charge 100 % des dépenses de santé dont la pertinence est avérée ». Mesure préalable à l'instauration d'une Grande Sécu, la suppression des dépassements d'honoraires qui, selon France Assos Santé, « représentent aujourd'hui les deux tiers des dépenses ».
Autres propositions coup de poing défendues par France Assos santé ? La mise en place d'une « taxe santé » notamment sur l'alcool, responsable de 41 000 décès par an, rappelle l'organisation. Elle propose ainsi « la fixation d'un prix minimum par unité de boisson alcoolisée ».
« Cette mesure est primordiale en termes de santé publique, que ce soit auprès des personnes alcoolodépendantes ou des jeunes, qui recherchent le meilleur rapport qualité/prix », peut-on lire sur sa feuille de route.
Mi-novembre, France Assos Santé avait déjà publié, conjointement à AVECsanté, 10 propositions pour refonder les soins primaires.
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