Au Canada, la province de Québec compte agir contre la pénurie de médecins. Le gouvernement de François Legault, par la voix de son ministre de la Santé, Christian Dubé, a présenté le 3 décembre son projet de loi « favorisant l’exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux ». Le principe est simple : tous les médecins – généralistes comme spécialistes – formés au Québec, devront, pendant les cinq premières années de leur carrière, exercer dans le réseau public de la province, avant d’être autorisés à passer dans le privé. Les étudiants signeront donc « un engagement à exercer la médecine au Québec » avant le début de leur formation, associé à une clause pénale.
Car, en cas de non-respect de ce contrat, le projet de loi prévoit d’importantes amendes, allant de 13 000 à 67 000 euros… Par jour et par acte. En cas de récidive, le montant sera doublé. « Les facultés de médecine, au Québec, c’est ce qu’il y a de plus contingenté, a déclaré Christian Dubé. On refuse une quantité phénoménale de bons candidats. »
Les oppositions favorables
Le ministre de la Santé québécois a fait valoir que l’intégralité de la formation d’un médecin (y compris l’internat) coûte entre 290 000 et 528 000 euros pour les contribuables. Il n’a toutefois pas indiqué si les carabins actuels seront concernés ou s’il s’agira uniquement des prochaines promotions. C’est en tout cas une possibilité, a-t-il précisé : la durée du service obligatoire dans le public pourrait être déterminée en fonction du nombre d’années de formation restantes. L’ensemble des oppositions que compose l’Assemblée nationale sont d’accord sur le principe du texte. Reste à l’étudier, l’année prochaine…
Ce projet de loi intervient quelques semaines après une résolution du Collège des médecins du Québec (CMQ), début novembre, qui appelait à réguler le privé. Son président, le Dr Mauril Gaudreault, estimait que les nouveaux diplômés en médecine ne devraient pas être autorisés à exercer dans le privé « avant 10 ans par exemple ». Par conséquent, le CMQ s’est, depuis, dit « favorable » à ce projet de loi, « qui renforce la responsabilité sociale des médecins envers la population ».
Toujours plus de contraintes
Du côté syndical, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a affirmé remettre en question « l’ajout de contraintes supplémentaires » dans un contexte de pénurie. La Fédération des médecins spécialistes du Québec a, quant à elle, dénoncé un projet de loi qui « semble lourd de conséquences pour les jeunes médecins ». Plus tôt, en novembre, la Fédération médicale étudiante du Québec avait, elle, déploré le fait que cette mesure « créerait deux classes de médecins avec des droits différents ». Le tout, dans un calendrier compliqué pour le gouvernement, qui mène actuellement des négociations avec les syndicats pour renouveler les contrats de travail qui les lient avec les médecins exerçant dans le public.
Si cette politique coercitive risque de faire des mécontents, la culture de la médecine publique, fortement ancrée au Québec, pourrait tout de même faire les affaires du gouvernement. Sur 1 000 médecins formés chaque année, une cinquantaine de diplômés choisissent chaque année de commencer leur carrière dans le privé.
Au total, 775 des 22 479 médecins du Québec travaillent exclusivement dans le privé – soit une hausse de 70 % depuis 2020, selon le ministère de la Santé.
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