Comment votent les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH) ? Si, historiquement, à l’instar des autres catégories de fonctionnaires, ce vote était très ancré à gauche, une note* rédigée par le directeur de recherche au CNRS Luc Rouban pour le Cevipof de Sciences Po (dans le cadre des élections européennes et élections législatives 2024), montre que ce marqueur n’est plus d’actualité tant les lignes ont bougé.
Comme pour les salariés du privé, leur préférence s’est déportée vers l’extrême droite. Sur le long terme, « le vote de gauche a sensiblement diminué au profit du centre et de la droite et, au sein des droites, le vote en faveur du Front national puis du Rassemblement national n’a cessé de s’affirmer », explique le politologue dans sa publication.
Aux élections européennes de juin 2024, le vote des salariés de la FPH s’est ainsi destiné à la liste du Rassemblement national (RN), portée par Jordan Bardella, à hauteur de 30 %, dans une proportion quasi-identique au vote des Français (31,37 %). Suivent, avec un score quasiment réduit de moitié, celle de Raphaël Glucksmann (Parti socialiste et Place publique) à 17 % et celle de la majorité sortante à 16 %. Plus loin, La France Insoumise a récolté 7,6 % des suffrages et Europe Écologie Les Verts (EELV), à égalité avec Les Républicains (LR), seulement 6 %.
Le vote RN s’est donc durablement installé au sein des fonctions publiques
Note rédigée par le directeur de recherche au CNRS Luc Rouban pour le Cevipof
Cette dynamique ne s’est pas inversée lors des élections législatives d’août dernier, loin s’en faut. Lors du premier tour, le RN (30 %) a supplanté le Nouveau Front populaire (29 %) au sein des salariés de la fonction publique hospitalière, devant la majorité sortante (Ensemble) à 23 %. En tout, les candidats de la droite radicale (RN, LR/RN, Reconquête) ont même atteint 35 % au sein de la FPH, marquant une très nette progression depuis 2017 dans ce secteur (+18 points).
Au second tour, la mise en place d’un « front républicain » – qui a provoqué, dans 215 circonscriptions, le désistement d’un candidat pour faire barrage au RN – a certes bien fonctionné. Mais l’étude en termes de voix montre que le RN a attiré à lui des « proportions importantes d’électeurs y compris au sein des fonctions publiques où son résultat électoral s’avère historique » puisqu’il réunit 41 % des suffrages exprimés dans la FPH, 36 % dans la FPE (fonction publique d’Etat) et 39 % dans la FPT (territoriale), situant le vote RN au même niveau que celui qui est atteint chez les salariés du privé (42 %). Selon la note de recherche du Cevipof, « le vote RN s’est donc durablement installé au sein des fonctions publiques et l’évolution vers ce choix électoral, observée depuis 2012, n’a cessé de se confirmer ».
*La note s’appuie sur les enquêtes électorales du Cevipof et notamment sur l’enquête électorale française menée conjointement avec la Fondation Jean-Jaurès, l’Institut Montaigne, Le Monde et Ipsos de cet été. Dans cet échantillon figurent 390 agents de la FPH, retraités ou actifs.
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