Le Pr Claude Huriet est décédé ce 27 octobre, a annoncé le maire de Villers-lès-Nancy, François Werner, rendant hommage à l’« auteur d’une grande loi qui fut pionnière en matière de bioéthique ».
Né en 1930 à Nancy, le Pr Claude Huriet a été chef du service de néphrologie du centre hospitalier régional et universitaire de Nancy, où il enseignait à la faculté de médecine. En 1970, il crée le centre d'hémodialyse de la ville, où il met en œuvre les premières transplantations. Il travaille alors particulièrement sur le métabolisme et les modifications physiologiques en cours d’hémodialyse.
En 1983, il devient sénateur centriste de Meurthe-et-Moselle jusqu’en 2001 et se spécialise dans les questions de bioéthique. Il est coauteur et rapporteur de la loi relative à la protection des personnes au cours des recherches biomédicales publiée le 22 décembre 1988. Dite « loi Huriet », elle fixe pour la première fois un cadre légal aux essais cliniques, en définissant notamment la notion de consentement éclairé et en instituant les comités consultatifs de protection des personnes (aujourd’hui, CPP).
En 1995, il est rapporteur de la loi sur les thérapies géniques et cellulaires, et trois ans plus tard, de la loi sur le renforcement de la veille sanitaire et le contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme, à l’origine de l’Afssaps (aujourd’hui, Agence nationale de sécurité du médicament). Pour l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), il publie avec Alain Claeys en 1999 le rapport sur l’application de la première loi de bioéthique de 1994 et en 2000, sur le clonage, la thérapie cellulaire et l’utilisation des cellules embryonnaires en thérapeutique.
Il siège au Comité consultation national d’éthique de 1995 à 2001, puis au comité international de bioéthique de l’Unesco en 2004.
Le Pr Huriet a aussi porté un projet sur la couverture médicale universelle (CMU) en 1999 et en 2001, une loi relative à l’indemnisation de l’aléa médical qui conduit à la création de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), qu’il présidera de 2002 à 2008.
Lutte contre le cancer
Parallèlement à la bioéthique, le Pr Claude Huriet s’est beaucoup impliqué dans la lutte contre le cancer. Il rédige en 2001 avec Lucien Neuwirth un rapport sur la politique de la lutte anticancéreuse en France, et préside bénévolement l'Institut Curie de 2001 à 2013.
Il fut également vice-président de la fondation hospitalière de France de 1996 à 2006 et membre honoris causa de l'Académie nationale de médecine en 2015. À l’occasion de cette nomination, le Pr Pierre Bégué saluait un « humaniste » à la « lucidité remarquable », qui « a posé les pierres d’une véritable chaîne sanitaire, depuis l’expérimentation du médicament jusqu’à la pharmacovigilance » et a combattu pour la transparence.
« Je salue avec un profond respect la mémoire de Claude Huriet, médecin, humaniste, élu de la République au Sénat et à la présidence du conseil général, fidèle à Nancy et la Meurthe-et-Moselle », a écrit sur X le maire PS de Nancy Mathieu Klein, qui l'a qualifié de « pionnier et autorité morale largement reconnue ».
« Claude Huriet fut une figure éminente de la médecine et un homme de conviction, attaché à sa terre natale. Professeur réputé, sénateur engagé, auteur d'une loi pionnière en bioéthique et Président bénévole de l’Institut Curie, il aura marqué la recherche médicale en France », a salué Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
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