Toute femme a eu un jour une expérience difficile, voire douloureuse à raconter dans son parcours de soins gynécologique. Décision Santé avait d'ailleurs mené une enquête sur ce sujet difficile des violences gynécologiques en mars dernier (voir notre entretien avec la Dr Joëlle Bellaisch-Allart, présidente du CNGOF). « Il y a eu un risque de rupture de dialogue très fort avec des réactions très âpres », affirme sans ambages Karine Lefeuvre, juriste et vice-présidente du CCNE, lors de la présentation de l'avis 142 « consentement et respect de la personne dans la pratique des examens gynécologiques ou touchant à l'intimité ». « Nous sommes allés plus loin dans la réflexion et avons fait un focus sur l'extrême intime », ajoute Karine Lefeuvre, par ailleurs rapporteure et juriste. Trente-trois auditions ont été réalisées sur huit mois. En résultent deux colères, celle des patients et celle des professionnels de santé. L'avis rappelle en conséquence les spécificités du soin aux frontières de l'intime. Et repose la nécessaire prise en compte de l'intimité, de la pudeur et de l'intégrité du ou de la patiente en amont du consentement. Alors que ce dernier est écrit et requiert la présence d'un tiers dans les pays anglo-saxons, le CCNE rappelle l'obligation d'un consentement oral, explicite et différencié. Autres difficultés à prendre en considération, le fait de subir des examens en présence d'étudiants d'une part et d'autre part porter une attention renforcée aux personnes en situation de particulière vulnérabilité (en situation de précarité, handicapées, migrantes, mineures, personnes âgées, personnes en détresse psychologique, etc.). Selon le président du CCNE, Jean-François Delfraissy, qui déplore l'absence de cabines dans les hôpitaux, l'ensemble de ces points de vigilance doivent être intégrés aux formations continues et initiales des praticiens. S'adressant aux doyens des facultés, il assène un « peut mieux faire ! ». Et d'inviter à rétablir la confiance et la sérénité au sein de la communauté des professionnels de santé qui a été secouée par ces révélations. Enfin le CCNE tacle aussi le ministère de la Santé et de la Prévention, l'invitant à évaluer et à quantifier la « mise en place d'un consentement revisité et adapté ».
Bioéthique
Jean-François Delfraissy (CCNE) : « Il ne faut pas banaliser les examens gynéco et éviter les humiliations »
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Publié le 30/03/2023
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De gauche à droite : Fabrice Gzil, Karine Lefeuvre et Jean-François Delfraissy, conférence de presse du 29 mars 2023.
Crédit photo : CCNE
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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