Hépato-oncologue, je me souviens de mes débuts en recherche clinique il y a 18 ans, remplissant une à une, sur papier carboné, à la main, les données cliniques des patients à partir de dossiers papier. La médecine nous a été enseignée sur la base de la confrontation entre la théorie et l’application humaine. Aujourd'hui, le virtuel a envahi notre quotidien. Et c’est désormais avec le triptyque théorie, expérience et simulations numériques qu’il va falloir avancer.
Les essais in silico sont fondés sur des modèles informatiques complexes avec lesquels il est possible de simuler l'effet d'une molécule dans une pathologie et dans une population donnée de patients. Ils permettent d’affiner la stratégie de développement clinique d’un médicament et d’identifier les sous-populations cibles. Cette vision de la médecine personnalisée digitale est un changement complet de paradigme pour nous mais aussi pour les agences réglementaires.
Incontestablement, on ne peut y échapper car elle répond aux deux contraintes de notre modèle économique : le temps et l’argent. Par exemple, à l’ère des combinaisons thérapeutiques, quelque 6 000 essais seraient nécessaires pour tester les associations des différents inhibiteurs de checkpoint en développement. Impensable de nos jours ! Toutefois, ces enjeux se heurtent à des problématiques « complexes » telles que l'interopérabilité des systèmes d'information, le manque de coordination des acteurs de santé et le processus de traçabilité complète des données entrantes.
Il faudra aussi vérifier le respect strict des règles de confidentialité et de consentement des patients, non seulement pour collecter les données mais aussi pour pouvoir y accéder en continu et les réutiliser.
Vous l'avez compris : le médecin ne pourra plus se passer de son mathématicien préféré pour faire une lecture critique des résultats obtenus. Galilée a toujours raison « les mathématiques sont le langage avec lequel Dieu créa l’univers ».
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