Est-ce déjà trop tard ? Évoquer l'Europe de la santé sous son toit à Chamonix ne manque pas d'audace. Mais loin d'appeler à la conquête de nouveaux sommets, Guy Vallancien, le maître de ces journées d'études avait l'humeur sombre. Au lieu de partir à l'assaut des nouvelles technologies, l'Europe « piétine dans un monde qui galope ». Le risque serait même de périr noyé face à l'explosion démographique des autres continents ou du retard pris dans le grand bain de l'économie numérique. Mais une fois le constat dressé, à qui peut-on imputer la faute ? À la France par exemple qui s'est fait tancer par la brillante Mariya Gabriel, Commissaire européenne pour l'économie et la société numérique de ne pas s'être joint au partage des informations génomiques. La déclaration a été signée le 10 avril dernier. À ce jour, dix-sept pays coopèrent au mécanisme de coordination des bases de données génomiques à travers les frontières. L'objectif est de réunir un million de génomes accessibles dans l'Union européenne en 2022. La France avec le plan génomique 2025 a opté pour un autre calendrier. Et préfère jouer « perso ». L'Europe serait également force de proposition dans la transformation numérique des soins de santé. Toujours en avril dernier, la Commission européenne a adopté un plan d'action. Parmi les objectifs retenus, citons l'accès à son dossier médical électronique par-delà les frontières, et la mise en place d'« une infrastructure de données européenne partagée pour prévenir les maladies et anticiper les épidémies ». Faut-il avoir la cruauté de rappeler la situation française dans ce domaine ? La Grèce peut donner des leçons de modernité à l'Hexagone. 80 % des hôpitaux à Athènes partagent un portail. Et les ordonnances sont électroniques. Ce tout numérique a été financé par l'Union européenne.
La santé numérique n'est pas pour autant gage de sécurité et d'efficacité. L'Europe dispose depuis 2004 d'une agence chargée de la sécurité des réseaux et de l'information qui siège à Héraklion (Grèce). « Elle dispose de l'expertise. Nous voulons la doter avant la fin de l'année de capacités organisationnelles », précise Mariya Gabriel.
Mais cette bonne volonté sauvera-t-elle l'Europe de la santé ? Le Vieux Continent assiste comme spectateur, au mieux comme arbitre au match qui se déroule sous nos yeux entre les États-Unis et la Chine sur l'intelligence artificielle. Pékin serait-elle en train de construire une nouvelle muraille avec un investissement de 152 milliards de dollars programmé jusqu'en 2030 ? Pendant ce temps « le président de la République a proposé 1,5 milliard d'euros. Nous sommes dans un rapport de 1 à 100 », tonne Guy Vallancien. 2019 avec les élections européennes sera-t-elle l'année du sursaut ou de la confirmation du déclin ?
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes