Diminuer les complications postopératoires, augmenter le taux de chirurgie ambulatoire, réduire les durées d’hospitalisation : c’est la promesse de Betty, une appli gratuite accessible à tous les patients qui propose un accompagnement digital sur mesure, de la préparation préopératoire au suivi médical postopératoire.
L'histoire commence en 2019 au sein d'un service d'urologie toulousain. Les Drs Guillaume Ploussard et Jean-Baptiste Beauval, deux chirurgiens convaincus que l’amélioration du parcours de soins peut limiter significativement les risques opératoires, mettent au point au sein de leur service un protocole innovant, à chaque étape de la prise en charge chirurgicale.
Avec des résultats probants : en trois ans, plus de 400 patients bénéficient de ce suivi optimisé, avec à la clé une baisse de 30 % des complications, une « augmentation de 60 % du taux de chirurgie ambulatoire », une durée d'hospitalisation « divisée par deux » et une diminution des coûts d’hospitalisation. Fort de cette expérience réussie en interne, le duo décide de franchir une étape en 2023 en digitalisant entièrement ce protocole d’accompagnement périopératoire sous la forme d’une appli. Betty est née, avec l’ambition d’un déploiement à grande échelle. Une levée de fonds de 1,2 million d’euros est finalisée en 2023 afin d’accélérer le développement et l’enrichissement du contenu de cette plateforme. En parallèle, un partenariat scientifique avec l’Association française d’urologie a été conclu, une licence gratuite permettant aux chirurgiens de l’AFU d’accéder au coaching Betty.

Les enjeux ne sont pas minces : selon des données d’études citées par la start-up, il existe 20 % de chirurgies décalées évitables, 20 % d’omissions des procédures de sécurité de base, 30 % d’incompréhension de l’information donnée avant/après opération, 26 % de complications après chirurgie, etc. Autant de risques qui montrent l’intérêt d’un coaching personnalisé des patients opérés.
Patient acteur et rappels personnalisés
Depuis son lancement il y a un an, la solution a été adoptée par 70 chirurgiens – majoritairement urologues – dans une vingtaine d'établissements. Quelque 300 patients ont été accompagnés, notamment à l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, AP-HP), au CHU de Guadeloupe et à la clinique Saint-Augustin de Bordeaux. « L’idée est de rendre le patient acteur de son parcours de soins en lui fournissant des conseils adaptés, détaille le Dr Guillaume Ploussard, cofondateur de Betty, urologue à la clinique La Croix du Sud, à Toulouse. Cela peut être des exercices respiratoires ou physiques à faire avant l’opération pour gérer la douleur, une visite virtuelle du bloc ou encore des informations et des rappels personnalisés sur les soins postopératoires. »
Du côté des praticiens utilisateurs, qui bénéficient d’une interface différente, la promesse est aussi celle d’un gain de temps précieux. « Concrètement, cela permet de déléguer à l’outil digital une information que nous n’avons pas toujours le temps de donner de façon aussi détaillée qu’on le souhaiterait, précise le praticien. Cela facilite aussi la transmission d’informations essentielles entre les équipes médicales et les patients jusqu’à leur récupération complète. » Les créateurs de l’appli ont souhaité ouvrir la plateforme à toutes les spécialités chirurgicales. « Nous avons créé un tronc commun accessible à tous les chirurgiens et nous développons en parallèle des parcours spécifiques, notamment pour la chirurgie thoracique, gynécologique et viscérale », ajoute le Dr Ploussard.

Si l’appli est gratuite pour les patients, le coût moyen s’élève à 5 000 euros par an pour les établissements désireux de se doter de ce concentré de technologie. « Il s’agit d’une licence annuelle calculée en fonction du nombre de patients dans l’établissement », précise le Dr Ploussard. Plusieurs publications récentes attestent de résultats prometteurs, avec une réduction des complications postopératoires de 30 à 50 % selon les études, une hausse des chirurgies ambulatoires de 30 % et une réduction de la durée d’hospitalisation évaluée à un 1 jour par patient.
Mais pas question de se reposer sur leurs lauriers : les deux chirurgiens, qui déposeront leur dossier courant 2025, visent la certification de Betty comme « dispositif médical numérique » et le remboursement par la Sécu.
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