Quelque 2 700 entreprises innovantes en biotechnologies, dispositifs médicaux, santé numérique et IA ; un chiffre d’affaires en croissance qui s’établit à 1,7 milliard d’euros en 2023 (+21 % par rapport à 2022) ; des dépenses de R &D qui passent à 1,4 milliard d’euros (+10 % en un an), une présence croissante de la France sur les marchés internationaux et 2 000 recrutements prévus en 2025 : telles sont les principales conclusions du dernier panorama* français de la filière « health tech », rendu public par l’association professionnelle France Biotech.
« Avec une augmentation du nombre d’entreprises, du chiffre d’affaires et des accords de partenariat, ces chiffres sont rassurants », a exprimé le 12 février Frédéric Girard, président de France Biotech, avant de signaler quelques points de vigilance. Car ces bons résultats masquent des « disparités » en termes de santé financière des sociétés.
En 2024, 44 défaillances d'entreprises ont été enregistrées contre 39 l'année précédente. Ainsi, 39 % d’entre elles font face à des difficultés de trésorerie et 68 % se déclarent affectées par le contexte économique actuel. « Le nombre de liquidations est plus important en 2024, témoignant des difficultés rencontrées en matière de refinancement pour certaines sociétés ainsi que d'un contexte économique, politique et fiscal plus incertain », souligne France Biotech.
Le diagnostic, premier domaine d’application
L’achat hospitalier reste le premier modèle de financement (pour 65 % des entreprises, + 3 points vs 2023) devant l’achat industriel (36%, + 2 pts vs 2023) et le remboursement par l’Assurance-maladie (30 %, - 9 pts vs 2023).
La reprise des partenariats stratégiques par la health tech européenne – pour un montant de 100 milliards de dollars en 2024 – est également à souligner ainsi que la quatrième place de la France à l’origine de 13 % des accords. Les opérations de licensing restent majoritaires (77 % des accords). L’oncologie est la première spécialité concernée, devant l’infectiologie et la neurologie. Les petites molécules sont les plus représentées (49 %) devant les anticorps monoclonaux et bi-clonaux (23 %).
Concernant le domaine d’application des entreprises françaises, la majorité des produits se concentre sur le diagnostic, la télésurveillance, la télémédecine, les outils de coordination des soins et l’analyse de données. Un bon nombre est destiné aux professionnels de santé.

Les sociétés de health tech sont présentes sur l’ensemble du territoire français avec une forte concentration de startups en Île-de-France. L'ensemble du secteur représente plus de 75 000 emplois directs.
Le soutien à plus de 5 milliards d’euros de Bpifrance
Depuis 2021, Bpifrance a injecté près de 5,5 milliards d’euros de financement dans la filière health tech et 1,25 milliard d’euros supplémentaires ont été investis en 2024. « Nous souhaitons renforcer l’accès aux soins, notamment dans le champ de la santé mentale, grâce à l’IA », a souligné Béatrice De Keukeleire. La responsable sectorielle innovation santé à la direction des filières industrielles de Bpifrance a par ailleurs rappelé l’importance de soutenir l’accès au marché français et le remboursement par l’Assurance-maladie des produits de santé innovants. « En 2024, nous avons mis en place une collaboration avec la centrale d’achat Resah et inclus des hôpitaux dans notre programme Direction achat pour l’innovation (Dapi). En matière de réindustrialisation, 20 nouveaux médicaments essentiels ont été relocalisés sur le territoire français en 2024. »
Inquiétude sur l’embauche de jeunes docteurs
« Aucun secteur n’est satisfait des lois de finances et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, a tenu à rappeler le président de France Biotech. Nous avons d’ailleurs exprimé notre incompréhension à la suite de l’adoption des mesures relatives au crédit impôt recherche (CIR). »
Frédéric Girard s'est également dit « très inquiet » du resserrement du dispositif Jeunes docteurs qui permettait de favoriser l'embauche des docteurs fraîchement diplômés dans des fonctions de recherche. « Les dépenses liées aux jeunes docteurs restent éligibles au CIR, mais au taux standard, c'est-à-dire 30 % » et non plus au taux de 120 %, « c'est-à-dire qu'il y a la suppression de ce bonus », a-t-il déploré. « Ce changement de fiscalité risque de ralentir considérablement les projets français », a-t-il estimé.
Et de conclure : « Nous aspirons maintenant à travailler sur du moyen et du long terme. Lors du sommet de l'Intelligence artificielle à Paris, le ministre de la Santé a annoncé deux appels à projets : le premier concerne l’impact de l’IA sur les organisations hospitalières, le second porte sur de nouveaux essais cliniques. Voilà qui redonne de l’espoir. »
*Réalisé grâce à la participation de plus 500 entreprises (startups et PME) sur les 2700 du secteur et menée en partenariat avec Banque Populaire, Bpifrance, Euronext, EY & Howden et avec le soutien du réseau des pôles de compétitivité et clusters en région.
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