D’après le Pr Luc Soler, directeur scientifique de l’Ircad et de l’IHU de Strasbourg*, des techniques permettent de fusionner le patient réel avec son double virtuel. Le chirurgien peut ainsi travailler dans des conditions inédites puisqu'il visualise les organes et tous les réseaux d’artères et de veines. Il parvient en quelque sorte à voir le corps du patient "en transparence". Cette visualisation repose notamment sur la technique de la 3D auto-stéréoscopique (3D sans lunettes), autrement dit sur un écran dématérialisé, holographique, sur lequel on peut projeter des images. La position de la caméra est calculée selon des données collectées. On peut alors ajouter une caméra virtuelle dans la même position et voir le patient en transparence.
L’indexage, la clef pour trouver le bon chemin
Sur les images en 3D du patient, on délimite et on indexe les différents organes. Chaque organe apparaît dans une couleur différente. Le chirurgien peut d'un clic faire disparaître tout ce qui gêne la vision, pour ne plus garder sur l'image que ce qui l'intéresse. Parfois cette simplification permet de découvrir ce qu'on n'aurait jamais pu voir autrement.
Planifier, anticiper, décider
L'imagerie 3D va-t-elle déboucher un jour sur la robotisation totale du geste ? Pour l'heure elle permet de planifier une intervention et joue un rôle fondamental d'aide à la décision. Au niveau de la vascularisation et des organes, le corps de chaque patient est aujourd'hui totalement modélisable à partir de son image scanner ou IRM. En ce qui concerne le système nerveux, c'est en cours. On peut donc aisément imaginer que toutes ces données pourront dans un proche avenir aboutir à des situations où l'ordinateur sera couplé au robot. Connaissant précisément où sont les structures anatomiques et les structures pathologiques, il pourra interdire l'accès de certaines zones. D'ores et déjà certaines interventions ont montré que l'automatisation de la pose de clips était possible.
Smartphone, tablette et le chirurgien
L'évolution rapide des technologies grand public révolutionne à son tour la chirurgie. Aujourd'hui, le chirurgien peut utiliser sa tablette au bloc à condition d'avoir au préalable téléchargé sur Google store ou Apple store "visible patient planning". Il peut aussi avoir recours à son smartphone. La prévisualisation sur smartphone permet un gain de temps considérable et surtout une très grande précision pour l'identification et l'accès à un organe. Le système est désormais pluggé sur le robot Da Vinci. Les techniques actuelles permettent une précision de l'ordre du millimètre. La prochaine limite à dépasser est le pneumopéritoine qui modifie de façon significative la forme des organes, en particulier un organe souple comme le foie et les mouvements induits par la respiration.
Imagerie, la révolution des salles hybrides
Les images préopératoires, extrêmement détaillées, et leur modélisation 3D sont composées avec les images prises pendant l'opération. Le programme "déforme" automatiquement le patient virtuel afin de s'adapter à sa nouvelle position. Avec une telle technique, on retrouve au sein du bloc un niveau de précision équivalent à celui qu'on avait lors des examens initiaux. Et l'ordinateur calcule de façon optimale la position de la caméra.
C'est déjà demain
La modélisation 3D sur smartphone ou PC est d'ores et déjà d'actualité et accessible à tous avec le service Visible Patient. Elle a obtenu sa certification CE-FDA. Pour la "tablette en transparence", la certification devrait arriver courant 2018. Cela prendra un peu plus de temps pour la réalité augmentée couplée avec le robot. Sans doute la certification adviendra-t-elle en 2019. Quoi qu'il en soit la 3D est une réalité indéniable. Elle le sera de plus en plus. « Se rendre dans un endroit inconnu sans carte ou GPS est difficile. Il en est de même en chirurgie. On gagne un temps fou avec la cartographie 3D" », conclut le Pr Soler. Et la sécurité des malades est d'autant mieux assurée.
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