Démographie médicale, la tendance à la baisse se poursuit

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Publié le 06/09/2021
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Comme chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a publié les chiffres de la démographie des professionnels de santé : diminution du nombre de généralistes, de l’activité libérale, mais aussi féminisation de la profession se confirment.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Qui sont les médecins généralistes en 2021 ? Les chiffres de la démographie des professionnels de santé au 1er janvier 2021, publiés par la Drees le 8 juillet, apportent quelques éléments de réponse. Le médecin généraliste affiche ainsi un âge moyen de 51,1 ans, est en majorité un homme et exerce en libéral. Pourtant, ce portrait change petit à petit depuis plusieurs années.

Seule constante depuis deux ans : l’âge moyen, qui reste stable. Avec, néanmoins, une différence entre les hommes, dont l’âge moyen est de 54,8 ans, et les femmes, qui ont en moyenne 47,2 ans.

Près de 50 % de femmes

Par ailleurs, la féminisation de la profession se poursuit. Au 1er janvier 2021, les femmes représentent 49,38 % des médecins généralistes, contre 48,44 % l’année précédente. Elles étaient ainsi 49 685 à exercer début 2021. Une tendance observée plus généralement en médecine. Dans le rapport Remédier aux déserts médicaux (de Magali Dumontet et Guillaume Chevillard, collection du Centre pour la recherche économique et ses applications – Cepremap), il est rappelé que, « au début des années 2000, les femmes représentaient 35 % des médecins, cette proportion est passée à 45 % en 2018. Ce phénomène devrait continuer, et les projections effectuées par la Drees indiquent que les femmes représenteront un peu plus de 61 % des médecins en 2040. »

L’étude souligne par ailleurs que « ce phénomène de féminisation s’observe parmi toutes les professions hautement qualifiées, mais se révèle plus important en médecine. (…) Pour les femmes, il est financièrement plus avantageux d’être médecin généraliste, alors que pour les hommes, il est indifférent de devenir médecin généraliste plutôt que cadre. »

Des effectifs de médecins généralistes sous la barre des 101 000

Avant de regarder les évolutions des effectifs et du mode d’exercice, Julien Mousquès, directeur de recherche à l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé), invite à s’intéresser à la répartition entre médecins généralistes et spécialistes : « La France se modifie profondément. Alors qu’avant, on était à 50/50, on serait aujourd’hui à 44 % de médecins généralistes pour 56 % de spécialistes. Dans beaucoup d’autres pays, les mouvements se sont enclenchés il y a plus longtemps. »

Les effectifs totaux des généralistes en France sont repartis à la baisse l’année dernière, après deux années d’une relative stabilisation. Au 1er janvier 2021, la France comptait ainsi 100 621 médecins généralistes, passant sous la barre des 101 000. A contrario, le nombre total de médecins dans l’Hexagone a, lui, légèrement augmenté, passant de 227 298 à 227 946 entre 2020 et 2021. Julien Mousquès ajoute : « la question du nombre est à rattacher à la question du mode d’exercice, à la répartition géographique ».

Sur la répartition géographique, le directeur de recherche de l’Irdes pointe que « des types de territoires sont moins attractifs que d’autres, pour les médecins mais aussi pour les autres catégories socioprofessionnelles. On ne peut pas comprendre que la politique du nombre ne marche pas si on ne comprend pas que la relation entre l’offre et la demande en santé n’est pas indépendante. Il ne suffit pas de monter à 9 000 ou 10 000 médecins formés pour naturellement combler les trous. Et il y a beaucoup de déterminants individuels, il faut bien comprendre ces déterminants pour mettre en œuvre une politique. » Julien Mousquès déplore ainsi que, « sur la formation, on ne s’intéresse pas à la question importante : quelle stratégie en formation initiale peut favoriser l’exercice sur le territoire ? ».

En outre, alors que la densité des généralistes pour 100 000 habitants enregistre une nouvelle diminution, le directeur de recherche de l’Irdès cite des travaux en cours sur l’impact de l’évolution du nombre de médecins étrangers.



Diminution continue de l’exercice libéral exclusif

Les chiffres de la Drees illustrent par ailleurs les changements des modes d’exercice. Le nombre de généralistes libéraux exclusifs poursuit, lui, sa chute, passant de 58 493 à 57 533 entre janvier 2020 et janvier 2021. Une baisse au profit des médecins généralistes salariés et mixtes, dont le nombre augmente sensiblement pour atteindre 43 088 au 1er janvier de cette année.

Le rapport du Cepremap détaille notamment le changement des pratiques chez les jeunes médecins, avec « des installations plus tardives et un attrait plus fort pour le salariat et pour l’exercice en groupe ». « 28,7 % des médecins âgés de moins de 35 ans ont effectué des remplacements en 2015, contre 21,5 % en 2001 », souligne le document, qui cite l’estimation de la Drees : « en 2040, près de 40 % des médecins généralistes exerceront en salariat, contre 60 % en libéral ou mixte ».

La publication « Exercer en maison de santé pluriprofessionnelle a un effet positif sur les revenus des médecins généralistes » (mai 2021), dont Julien Mousquès est co-auteur, souligne qu’« au cours de la période 2008-2014, les revenus des médecins généralistes ayant choisi d'exercer dans une MSP progressent plus rapidement que ceux de leurs confrères. Cela s'explique notamment par une augmentation plus rapide de la taille de leur file active et donc des rémunérations forfaitaires qui y sont associées. Pour autant, l'évolution du nombre de leurs consultations et visites n'apparaît pas significativement différente. »

Le mouvement semble ainsi se confirmer année après année.


Source : lequotidiendumedecin.fr