En septembre dernier, à l’initiative de l’association des maires ruraux de France (AMRF), une dizaine d’associations et de syndicats décidaient de se réunir pour travailler sur le sujet de l’accès aux soins. Depuis, d’autres les ont rejoints et ils sont aujourd’hui 35, dont les représentants des étudiants (Anemf) ou des internes en médecine générale (Isnar-IMG), le syndicat des remplaçants (ReAGJIR), plusieurs syndicats séniors (CSMF, FMF), en plus du SML déjà présent, ou l’Ordre des médecins.
Devant l’urgence de la situation sur l’accès aux soins et malgré des positions de départ parfois éloignées, « notre objectif était de trouver le plus petit dénominateur commun et de travailler ensemble sur une organisation », explique Dominique Dhumeaux, 1er vice-président de l’AMRF. Ce travail leur a permis d’aboutir d’ores et déjà à quatre propositions communes, que ces organisations comptent porter notamment auprès des candidats à la présidentielle.
Développer les internats ruraux
La première proposition est une mesure qui se retrouve également dans le « programme » de l’Isnar-IMG pour les élections, puisqu’il s’agit d’une demande portée depuis longtemps par les internes. Elle consiste à faciliter la venue des étudiants en stage en dehors de leur lieu de formation initiale. Cela passe notamment par le développement des hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES), des indemnités de transport et le développement de la formation de maîtres de stage universitaires dans toutes les professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques.
« L’idée est d’aller dans des lieux de formation, autres que les villes universitaires mais pour cela il faut un moyen d’hébergement accessible et des terrains de stages de qualité. Et pas seulement pour les étudiants en médecine mais pour tous les étudiants en santé, ce qui nous permettra d’initier une interprofessionnalité dès les études », explique Mathilde Renker, présidente de l’Isnar-IMG.
L’interne cite notamment le département de la Vendée, premier à avoir signé la charte des HTES rédigée par les étudiants en santé. « Si les stages se passent bien et que nous sommes bien accueillis, nous aurons envie de retourner dans ces territoires », ajoute Mathilde Renker. Pour l’application pratique de cette proposition, Dominique Dhumeaux juge qu’il ne faut pas « se bloquer dans des organisations cloisonnées. Localement, il faut laisser chaque collectivité s’organiser pour coller aux besoins de son territoire ».
Guichet unique pour l'installation
À côté de cette proposition, une autre vise également l’installation de futurs médecins. Une nouvelle fois il s’agit d’une mesure aussi portée par les internes et jeunes médecins : la création d’un guichet unique d’accompagnement pour centraliser au niveau départemental les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif, les informations relatives à la vie familiale, etc.
« L’idée est de créer une porte d’entrée unique dans chaque département, d’avoir une géographie des implantations, organisée au regard des besoins. Cela ne va pas amener de la coercition mais de la régulation », explique Gilles Noël, président de la commission santé de l’AMRF. « Ce sont des problématiques que nous avons tous une fois que nous avons fini nos études : quelles sont les démarches pour s’installer ? Le but est de trouver un interlocuteur facilement identifiable pour nous aider », explicite Mathilde Renker. Et à la question de savoir si ce guichet unique ne fait pas doublon avec celui mis en œuvre par les ARS, l’AMRF juge qu’au contraire les acteurs locaux peuvent agir en complémentarité.
Développer les Escap
Au-delà de ses propositions visant les installations de futurs médecins, le collectif porte aussi le projet de mise en œuvre et de développement des Escap (équipe de soins coordonnée autour du patient). Concrètement il s’agit d’une application qui permet de mettre en place une coordination autour des patients.
« C’est une coordination pas au long cours mais le temps du besoin », explique le Dr William Joubert président de l’UNPS (Union nationale des professionnels de santé). « Cela respecte le libre choix du patient, ne s’oppose à aucune forme de coordination existante et permet l’intégration de professionnels quel que soit leur mode d’exercice », observe-t--il. L’UNPS défend la prise en charge conventionnelle de ce dispositif, afin de rémunérer les professionnels qui y participent. Une négociation sur ce sujet doit s’ouvrir avec l’Assurance maladie le 23 mars prochain.
Étendre les partages de compétences
Enfin le collectif défend le développement de l’exercice mixte ville hôpital, particulièrement dans les zones sous-dotées, ainsi que le partage de compétences.
Sur l’exercice mixte, l’objectif est de faire que le monde hospitalier et de la ville échange toujours plus. « Nous avons besoin de faire collaborer ces types d’exercice car aujourd’hui le plus grand point de rupture c’est l’entrée et la sortie d’hôpital », souligne Sabrina Tanqueray, directrice de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS).
Pour le partage de compétences, même si cela « ne va pas se faire demain » reconnaît Jocelyne Wittevrongel, secrétaire générale de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), « il n’est pas normal qu’aujourd’hui le patient n’ait pas les mêmes chances où qu’il soit », évoquant certaines délégations pour l’instant limitées aux MSP.
« Nous n’allons pas venir prendre les prérogatives du médecin. Mais le but est de voir évoluer le parcours patient pour le fluidifier », ajoute François Randazzo, président du syndicat professionnel de masseurs kinésithérapeutes, libéraux et salariés Alizé. Pour le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l’Ordre des médecins, il faut avoir une « vision coordonnée des parcours de soins et éviter qu’à cause de lobbyings, ces débats soient esquivés ».
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