Le congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) s’est tenu à Lyon la semaine dernière. Il est toujours intéressant de côtoyer les collègues de toute la France, et à plusieurs titres. Tout d’abord, cela permet de voir que nous ne sommes pas seuls. Entendez par là que ce que vivent les généralistes dans le huis clos de leurs cabinets est finalement partout pareil. Des tâches administratives inutiles qu’on promet de supprimer depuis des années tout en en ajoutant d’autres toujours plus chronophages. Des patients toujours plus nombreux face à une population médicale qui ne cesse de se raréfier et le fera encore davantage dans la décennie à venir. Des médecins devant refuser, au nom de leur santé physique et mentale, de travailler toujours et encore plus, alors qu’ils ont déjà un nombre d’heures de travail bien au-delà de la moyenne. Peu importe où les généralistes exercent, ils sont tous confrontés aux mêmes problématiques et à la même impression d’absence de prise en compte de celles-ci par les pouvoirs publics.
Échanger sur le vécu de MSU
Ensuite, comme le congrès du CNGE accueille une majorité de généralistes maîtres de stage des universités (MSU), ceux-ci peuvent échanger sur leur vécu d’enseignant de la discipline, au contact direct des patients. Discuter des recommandations parfois (voire souvent) non applicables en ville car créées pour l’hôpital et non transposables. Parler des étudiants qui viennent en stage chez nous, de leur niveau de formation toujours plus élevé et de cette envie de bien faire leur futur métier qu’ils partagent. Envisager aussi que c’est aux MSU de remplir le rôle de garde-fou, d’être ceux qui vont leur apprendre à ne pas culpabiliser quand ils voudront prendre un peu de temps pour eux, qu’un médecin bien dans ses baskets est un médecin qui est plus à l’écoute de ses patients. C’est donc aux MSU de transmettre aux étudiants des valeurs qu’ils ont souvent du mal à s’appliquer à eux-mêmes.
Enfin, ce congrès est aussi l’endroit de prédilection pour parler de la mise en place du Des à quatre ans en médecine générale. Cette quatrième année suscite de nombreuses questions et si peu de réponses. Le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, par l’intermédiaire d’une vidéo retransmise en ouverture faute d’avoir été présent en chair et en os, a promis à l’ensemble des participants des textes réglementaires rapides. Cette « première » quatrième année commencera à la rentrée universitaire 2026-2027, soit dans trois ans. Trois ans, c’est à la fois long et court tant les choses à mettre en place d’ici là vont demander du temps et de l’énergie aux enseignants de tous les départements de médecine générale (DMG) des facultés de médecine de France. D’autant plus qu’une année supplémentaire veut dire un encadrement d’une promotion d’étudiants supplémentaires pendant un an, avec des enseignements à prodiguer, des obligations administratives à accomplir…
Avec un ratio actuel d’un enseignant équivalent temps plein pour 50 étudiants en médecine générale, les DMG ont des raisons d’envier les taux d’encadrement d’un pour dix voire un pour quatre de certaines autres spécialités. Et pourtant, malgré tout, le travail est fait partout, au prix d’une forme de dévouement des enseignants qui frôle parfois l’inconscience. Partout il faudrait des moyens humains supplémentaires, y compris du personnel administratif au sein des facultés.
200 postes créés
C’est pour cette raison qu’on ne peut que se réjouir des annonces de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, dans une allocution elle aussi enregistrée. En effet, Madame la ministre y a annoncé que 200 postes d’enseignants-chercheurs sur cinq ans allaient être créés pour la médecine générale, assortis de la création de postes administratifs. Excellente nouvelle, tant l’obtention de ces postes était jusque-là conditionnée au fait de récupérer ceux-ci dans le contingent des autres spécialités. La médecine générale ne devra donc pas se « battre » pour obtenir ces postes pour les candidats qui rempliront toutes les conditions réglementaires ad hoc. C’est une excellente nouvelle donc. Ce fameux taux d’encadrement va donc mécaniquement s’améliorer… Avant de se détériorer tout aussi mécaniquement en 2026-2027 avec toute une promotion d’étudiants à encadrer en quatrième année de Des. Voir le verre à moitié plein serait se réjouir de ces créations de postes qui auraient tout aussi bien pu ne pas être obtenues, là où celui à moitié vide serait de s’inquiéter d’une perspective qui nous ramènera au point actuel dans trois ans. Alors, voyons le verre à moitié plein.
C’est vous qui le dites
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