Éditorial

Et maintenant ?

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Publié le 04/07/2025
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Après le coup de massue de la semaine dernière, la colère. Des centaines de libéraux de santé ont manifesté mardi 1er juillet contre le « plan de redressement » annoncé par Catherine Vautrin. Outre les médecins, les masseurs-kinésithérapeutes et les chirurgiens-dentistes protestaient contre le gel de leurs revalorisations tarifaires jusqu’au 1er janvier 2026. Ils ne sont pas les seuls à faire les frais de ce tour de vis. Sont aussi concernés les pharmaciens – le gouvernement prévoyant d’abaisser le plafond de remises des génériques – mais aussi les laboratoires pharmaceutiques. L’exécutif entend faire des économies sur le médicament, piocher dans la réserve prudentielle des hôpitaux, cliniques et Ehpad ou encore dans les fonds FIR attribués tous les ans aux ARS. Objectif : trouver 1,7 milliard d’euros d’économies pour garantir « la pérennité de notre modèle social », a souligné la ministre. Bref, un sentiment de panique semble avoir saisi l’exécutif face au dérapage des comptes de la Sécu. La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a admis de son côté la nécessité des « effets très rapides » de ces leviers « à court terme ».

Va-t-on à nouveau vers une liste de mesures permettant de continuer bon an, mal an ?

Oui, mais après ? Dans une allocution en avril intitulée « La vérité permet d’agir », le Premier ministre avait promis de présenter avant la mi-juillet ses arbitrages pour les budgets de l’État et de la Sécurité sociale, avec à la clé 40 milliards d’économies tous secteurs confondus. À quelques jours de cette échéance, et compte tenu des dernières annonces pour le système de santé, va-t-on à nouveau vers une liste de mesures permettant de continuer bon an, mal an, avec quelques cataplasmes ici et là quand les dépenses dérapent ? Quand la Cnam cible les arrêts de travail, ne faut-il pas s’interroger sur les raisons de leur croissance ? Et si on ne peut nier des avancées en matière de santé publique et d’utilisation des nouvelles technologies, ne faut-il pas changer de braquet ? Plutôt que des rustines, n’est-il pas temps de remettre à plat notre système de santé ? Il faudrait alors anticiper autant les besoins – d’une population vieillissante, des malades chroniques toujours plus nombreux – que l’offre de soins avec une démographie médicale tendue et l’évolution des organisations sur le territoire. Sans oublier d’intégrer dès maintenant les impacts du changement climatique. Et pourquoi ne pas rêver, malgré une situation politique très incertaine, d’un vrai virage de la prévention et d’une approche globale de la santé…


Source : Le Quotidien du Médecin