Des articles sont qualifiés de « négatifs » quand les résultats observés ne confirment pas l’hypothèse initiale ou ne montrent pas d’effets statistiquement significatifs. Les chercheurs sont alors déçus car ils n’ont pas observé ce qu’ils attendaient. Un essai randomisé qui ne montre pas de différence significative entre les groupes traités et témoin est considéré « négatif ». Pourtant, ces résultats sont importants pour les cliniciens et les malades car ils donnent une image précise de la réalité.
Les biais de publication contribuent à tromper
La non-publication des résultats négatifs est appelée « biais de publication ». Quand nous recherchons des informations dans des bases documentaires, nous avons prioritairement accès aux résultats dits « positifs » ; ces essais montrent une intervention qui marche. Notre perception de la science est alors biaisée. Il existe des données explicites, par exemple pour des antidépresseurs et des anxiolytiques, prouvant que ces biais existent. Les médecins devraient avoir un esprit très critique pour connaître la véritable efficacité des médicaments.
Dans quelques domaines, il a été montré que des essais cliniques avaient été faits alors que des données négatives non publiées existaient. Ces essais ont confirmé l’inefficacité de stratégies, en ayant inclus des malades qui n’auraient jamais dû être concernés, puisque la réponse était déjà connue (par quelques initiés !).
La non-publication d’essais contribue à biaiser les revues de la littérature et les méta-analyses. Des revues de littérature bien faites devraient inclure les résultats négatifs en accédant aux données de ces articles non publiés… Ce qui est presque impossible. La recherche de protocoles est utile pour obtenir des informations sur les essais terminés non publiés.
Des chercheurs démotivés ne rédigent pas les articles
Il n’existe pas d’incitatifs pour pousser les chercheurs à rédiger des articles avec des données négatives. La communauté scientifique valorise ceux qui obtiennent des résultats positifs. Quand ils sont négatifs, les chercheurs démotivés ne veulent pas consacrer du temps à écrire les rapports ; si malgré tout, ils décident de publier, les discussions entre coauteurs deviennent difficiles et ils ne trouvent pas de consensus pour soumettre le manuscrit à une revue ; si ce manuscrit est prêt, l’obtention de l’accord du financeur est parfois impossible. Pourtant, il a été montré que des revues prestigieuses avaient des taux d’acceptation de manuscrits identiques que les résultats soient négatifs ou positifs. Les revues acceptent donc de publier des résultats négatifs, quand les manuscrits sont soumis.
Poussés par la nécessité de publier beaucoup pour assurer une carrière et obtenir des ressources, des chercheurs écrivent des publications trompeuses. Ces pratiques douteuses sont connues. Par exemple, ils ne publient qu’une partie des résultats (les positifs), en modifiant légèrement quelques données, en changeant les critères de jugement ou les tests statistiques, en utilisant des spins (éléments de langage pour tromper). Cette torture des données concernerait plus de la moitié des articles. L’état de la littérature est préoccupant.
Des conséquences sociétales problématiques
Ne pas publier des essais négatifs ayant inclus des malades n’est ni éthique ni intègre. Des malades, des personnels ont donné de leur temps pour participer à ces essais. Ce sont des milliers de malades pour lesquels les résultats des essais n’ont jamais été disponibles. Des financements ont été utilisés, et ne pas publier les résultats contribue au gaspillage de la recherche. La non prise en compte des données négatives pour diagnostiquer des maladies, pour traiter des patients peut biaiser les prises en charge des maladies.
Il faudrait valoriser les chercheurs publiant des résultats négatifs
L’enregistrement d’un protocole sur une plateforme permet de connaître les essais en cours ou prévus. Il devient possible de savoir si les résultats ont été diffusés ; c’est obligatoire dans l’année suivant la dernière visite du dernier patient. Des initiatives diverses ont permis la création de revues scientifiques ne publiant que des résultats négatifs… Ces revues n’ont pas de succès et ont du mal à survivre. Toutes les initiatives pour ouvrir la science, avec notamment des incitations pour partager les données vont dans le bon sens.
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