Madame la députée et chère consœur,
C’est avec intérêt que j’ai lu votre interview dans le tout récent Quotidien du Médecin. J’ai remarqué combien, pour vous, chaque mot avait un sens. Ainsi dans l’annonce de l’article, pas de « transfert de compétences » trop révoltant, ni de « délégation de tâches » un peu assouplie, mais vous voici au « partage de compétences » beaucoup plus consensuel. Le « partage de compétences » sous-entend que tous les aient effectivement acquises. Alors, dites-moi pourquoi des « possibilités de dispenses d’enseignements » pour certains existent déjà dans votre loi ? Pas, peu ou mal formés, demain quelle sera la qualité des soins proposée aux patients par les divers paramédicaux ?
Malgré la remarque du Sénat jugeant le maillage trop lointain, vous persistez à ce que la coordination des différents acteurs des soins s’opère au niveau des CPTS : votre argument étant qu’ « on n’a pas besoin de se connaître personnellement entre professionnels de santé pour se faire confiance », liés que nous serions par « les diplômes universitaires obtenus et (les) compétences ». Il me semble, chère consœur, que vous oubliez les réalités du terrain. Souvenez-vous combien les diplômes ne se réfèrent qu’aux connaissances acquises à un moment donné des savoirs et des sciences. Et, pour en suivre les évolutions, il a fallu rendre obligatoires la formation continue. Vous vous doutez bien que la confiance n’est ni dans les titres universitaires ni dans le statut ! Elle s’acquiert progressivement dans les expériences partagées, dans les engagements et les actes de chacun au service de la santé de tous. Demain la coordination des soins ne se fera qu’entre professionnels de santé ayant construit des liens. La confiance, ça se tisse ! Et avant de « déléguer », il n’est pas concevable que tout patient n’ait pas bénéficié d’un diagnostic médical. Ne jouons pas au plus malin !
Je suis de ceux d’en bas, de ceux sur le terrain ; mais vous qui voyez plus haut, vous notre représentante élue du Loiret, vous êtes en sorte notre porte-voix. Alors, pourriez-vous dire à notre Président M. Emmanuel Macron qui, lors de ses vœux au monde de la santé le 6 janvier, expliquait qu’un généraliste « malin » était celui qui déléguait aux paramédicaux « les actes qui ont le moins de valeur ». Dites-lui combien cela a pu être ressenti comme un propos humiliant ! Nous stigmatiser, nous caricaturer tels des opportunistes guidés par la finance plutôt que par la juste pertinence des soins et la qualité du lien humain établi avec chacun… Faire médecine ne relève pas d’une école de commerce, et notre malignité n’est pas là où certains politiques la pensent. Notre éthique n’est pas à vendre ni à transférer au plus offrant.
Non, pas malins mais pétris de bon sens avec la connaissance du terrain ! Même avant votre venue nous savions nous coordonner et organiser ce que vous nommez « le parcours de soins ». Ni CPTS ni ARS pour nous rappeler à l’ordre : effectivement nous connaissons nos devoirs. De tant d’administrations et d’administrateurs, croyez-vous que nous en ayons véritablement besoin ?
Je vous prie de recevoir, Mme la Députée et chère consœur, l’expression de mes sentiments les plus cordiaux.
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