Tribune

Imagerie médicale : « la décision du Conseil d’État offre un cap clair », analyse le Dr Alain Dana, président de l’Urlem

Publié le 25/10/2024
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Face à la menace de financiarisation de la santé, les positions diffèrent dans le domaine de l’imagerie, alors que le Conseil d’État a suspendu la décision du Conseil de l’ordre départemental du Rhône concernant la radiation d'Imapôle. Président de l’Union de la radiologie libérale en mouvement (Urlem*),le Dr Alain Dana appelle au dialogue.

Alors que fantasmes, idées préconçues et fausses informations donnaient le tempo du débat public, médical et économique autour de la présence d’investisseurs financiers aux côtés des groupes libéraux d’imagerie médicale, le Conseil d’État a rappelé le cadre juridique, réglementaire et surtout déontologique qui prévaut lorsque l’on développe une activité médicale au service des patients.

Cette décision doit maintenant s’accompagner d’un véritable dialogue que nous appelons de nos vœux, sans sectarisme et en toute transparence.

Au cœur de la santé de demain

Le statut quo dans le secteur de l’imagerie médicale n’est ni souhaitable, ni tenable sur le long terme car la crise du secteur se fait déjà sentir au détriment des patients : installation de « déserts médicaux radiologiques », crise de vocation chez les jeunes médecins, absence de transmission des cabinets au moment de la prise de retraite des praticiens…

Et pourtant, la radiologie est plus que jamais au cœur de la santé de demain. À l’heure où nos comptes publics sont exsangues et que le débat s’annonce vif au Parlement, la prévention reste l’instrument de prédilection, dans le domaine de la santé, pour prendre en charge les patients le plus tôt possible et éviter ainsi les pertes de chance, ainsi que les coûts importants d’une prise en charge tardive. D’ailleurs, la société est prête ! Regardez comment elle le manifeste et l’incarne en ce moment même avec Octobre Rose et la formidable mobilisation médiatique, médicale et citoyenne qui en découle.

Les enjeux pour le secteur de la radiologie sont immenses

À l’heure où j’écris ces lignes, les enjeux pour notre secteur sont immenses face aux délais d’attente parfois excessifs que subissent les patients dans certains territoires de notre pays et qui touchent bien souvent en priorité les catégories les plus modestes, ou encore la nécessité de tirer collectivement toute la profession vers le haut concernant l’amélioration des critères de qualité en matière de prise en charge.

Demain, l’évolution technologique à travers l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos outils et son application dans l’imagerie moderne (scanner, IRM, tomosynthèse en mammographie, etc.) ainsi que la surspécialisation de nos médecins autorisée par le nouveau modèle que nous sommes en train de construire sont une véritable chance pour détecter très en amont les pathologies et ainsi les traiter avant qu’elles ne se développent.

Construction d’un nouveau modèle

Et pourtant, rien de tout ceci ne peut se faire si nous ne mettons pas un terme au désamour des jeunes médecins pour la profession, et à la fermeture des centres de radiologie dans les territoires. Là encore, le nouveau modèle que nous sommes en train de construire, alliant mise en commun des fonctions supports et administratives, facilités d’associations pour les jeunes médecins, couverture territoriale, renforcement des politiques qualité et augmentation du temps passé sur la pratique médicale, est LA solution pour pérenniser notre secteur et jouer pleinement son rôle dans le futur de la médecine française.

Les critiques d’aujourd’hui sont avant tout idéologiques. Aucune dérive n’a été constatée dans notre secteur. La raison à cela ? Les radiologues ne sont presque pas prescripteurs d’actes médicaux (de l’ordre de 5 %), l’acte médical ne peut être rationalisé et concentré et la loi protège le contrôle effectif des médecins dans la gouvernance de nos entreprises.

« Là où il y a une volonté, il y a un chemin » : ce chemin, c’est celui du dialogue pour constamment améliorer la manière que nous avons de diagnostiquer et de prendre en charge nos patients. Cela doit rester notre unique boussole, en fidélité avec notre serment.

Nous sommes des médecins de formation, des radiologues passionnés, guidés par des règles déontologiques auxquelles nous tenons. Sortons des postures de circonstance et avançons ensemble pour construire une offre médicale sur l’ensemble des territoires au service des patients et des jeunes médecins, en toute transparence et en collaboration avec les autorités publiques et les conseils de l’Ordre.

* Union de la radiologie libérale en mouvement

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Dr A. D.

Source : Le Quotidien du Médecin