« Nous ne reviendrons plus ici », avait murmuré Florence d’une voix fatiguée, en fermant les volets de la maison de vacances du Cap Ferret. Florence soupçonnait-elle quelque chose de la relation qui s’était nouée entre lui, Simon, et Béatrice ? Envisageait-elle d’en tirer les conséquences ? N’était-ce qu’un vieux coup de nostalgie ? Un vague pressentiment ? Simon avait préféré ignorer la remarque de sa femme, qu’il ne savait comment interpréter.
Le couple Gaëlle-Georges s’était dissous dans les eaux de l’Océan : une gentille passade estivale. Édouard avait superbement ignoré les siestes crapuleuses de sa femme. Ils étaient repartis vers leur quotidien parisien. Béatrice et Simon, en revanche, étaient aimantés. « Amants d’un jour, amants toujours… », chantonnait la belle Béa entre deux caresses. « Je ne supporte plus de partager le même lit qu’elle, je veux passer mes nuits et mes jours avec toi », rétorquait Simon. Béatrice envisageait sérieusement le divorce. L’affaire était déjà dans l’air avant l’été, les flirts chroniques de Georges l’exaspéraient. Elle allait consulter un avocat (« Non, pas toi Simon, espèce d’idiot ! »). L’aventure de son époux avec Gaëlle – dont en réalité elle se fichait éperdument – tombait à pic pour étayer sa décision ; elle serait libre bientôt.
Simon hésitait : d’un côté une passion sensuelle toute neuve ; de l’autre la sécurité : Florence était riche et ne manquait pas de charme…
De retour à Paris, le quotidien devint pénible. Tout se passait comme si Florence, sans entrain, de plus en plus pâle, perpétuellement grippée, s’enfonçait dans la dépression. Simon, lui, multipliait les rendez-vous amoureux avec Béatrice qui le pressait d’agir.
Un soir, rentrant tard d’une de ces rencontres, il est accueilli par Florence qui lui enjoint dès l’entrée :
— Il faut que je te parle.
Elle le pousse au salon et enchaîne tout de go :
— J’ai un cancer. C’est grave. Le poumon.
En quelques minutes, d’une voix contenue, Florence dévide tout ce qui a échappé à son mari : les premiers rendez-vous médicaux pour traiter les symptômes persistants de ce qu’elle croyait être une bronchite tenace, puis les examens approfondis, le PET scan « qui a révélé des métastases… ». À bout de souffle, et d’émotion, Florence fond en larmes.
— Je commence une chimiothérapie la semaine prochaine.
Simon l’enlace et tente de la réconforter tout en mobilisant in petto les quelques connaissances qui subsistent de son année de médecine. Pourquoi le collège médical n’a-t-il pas pris la décision d’opérer ? Trop risqué ? Trop tard ? Oui, trop tard, sûrement. La chirurgie intervient lorsqu’il est possible d’enlever la totalité de la tumeur. Or Florence évoque des métastases. Et tout en serrant sa femme dans ses bras Simon se met à gamberger : quelles sont les chances de guérison ? Plutôt de survie… Quatre à cinq ans en moyenne, croit-il se souvenir, mais principalement dans les cas de résection réussie.
Il faut se renseigner sur l’évolution probable de la maladie et en parler à Béatrice le plus vite possible, conclut-il pour lui-même. En même temps, il caresse mécaniquement les beaux cheveux clairs de Florence en murmurant des onomatopées qui se veulent tendres et rassurantes… tout en envisageant déjà le pire.
Prochain épisode dans notre édition du 21 septembre
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