C'est peu dire que la réforme des retraites constitue un dossier inflammable en cette rentrée sociale. Après avoir exposé la trame de son projet le 18 juillet à la faveur du rapport Delevoye, l'exécutif a lancé une opération déminage – Agnès Buzyn évoquant une concertation citoyenne avant qu'Emmanuel Macron promette « une grande négociation ». Les partenaires sociaux seront reçus à Matignon les 5 et 6 septembre.
Il n'empêche. Journées d'action syndicale (FO le 21 septembre, la CGT le 24), appels à la mobilisation par profession : les opposants fourbissent leurs armes, en ordre dispersé, contre cette réforme censée faire disparaître les 42 régimes existants au sein d'un futur système universel à points où chaque euro donnera les même droits.
Journée test le 16
Plusieurs professions libérales – dont les avocats (Conseil national des barreaux), les pilotes de ligne, des infirmières (Convergence) mais aussi deux organisations de praticiens (UFML-Syndicat, FMF) – ont appelé à une manifestation nationale à Paris le lundi 16 septembre. Le BLOC « soutient » cette initiative mais, compte tenu des délais, la participation des praticiens sur plateaux techniques devrait être « symbolique », nous confie le Dr Philippe Cuq, patron de l'Union des chirurgiens de France (UCDF). Autre signal : un collectif libéral interpro #SOSretraites a été mis sur pied. La FMF envisage des « fermetures de cabinets » et des actions locales. Une pétition à l'initiative de l'UFML appelant Emmanuel Macron à maintenir l’existence des professions libérales de santé (et les régimes complémentaires) dans la réforme des retraites a recueilli près de 11 000 signatures.
D'autres syndicats médicaux sont en alerte, sans appeler à des arrêts d'activité. « La retraite nous préoccupe, c'est le dossier de la rentrée, confirme le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Mais on n'improvise pas un mouvement de fermeture des cabinets libéraux ». A priori, la CSMF et le SML ne s'associeront pas à la journée d'action du 16, d'autant que le haut-commissariat à la réforme des retraites doit recevoir rapidement les syndicats de praticiens libéraux… Pour calmer le jeu ?
Caisses pro en sursis
En attendant, la torpeur estivale n'a pas dissipé les inquiétudes des médecins, au contraire. Outre les points de crispation soulevés depuis des mois (disparition programmée de la CARMF, incertitude sur la gouvernance, sort des 7 milliards d'euros de réserves, baisse des pensions, avenir de l'ASV ou statut des droits acquis), la grogne médicale a rebondi cet été sur le transfert aux URSSAF du recouvrement des cotisations de retraite des praticiens. Un projet aux relents d'étatisation confirmé par la Direction de la Sécurité sociale (DSS) à la CARMF le 23 juillet qui a provoqué l'ire des syndicats de médecins libéraux.
MG France fustige le « kidnapping administratif » de la retraite des médecins et réclame la sanctuarisation des réserves du régime complémentaire. Le SML demande des explications sur « l'oukase estival » de la DSS. Lui aussi se dit prêt à tirer les conséquences de cette affaire dès la rentrée.
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