Le médecin décide l'envoi d'une ambulance privée au domicile familial pour ramener Yolande Gabriel aux urgences. Mais avant son arrivée, la patiente s'effondre. « Elle était inerte sur le sol de la cuisine. Elle est passée par tous les stades de l'agonie », s'émeut Marie-Laure François, l'une de ses filles. Ses filles rappellent le Samu et entament un massage cardiaque. Arrivées à partir de 8h40, les équipes médicales prennent le relais sur place, en vain.

L'affaire Musenga dans les mémoires

Pour la famille, la décision de la renvoyer à son domicile dans la nuit est incompréhensible et une intervention plus rapide à la maison aurait permis d'éviter le pire. En octobre 2021, ils portent plainte pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours ». « On ne comprend pas qu'un médecin qui a prêté serment, censé soigner les gens, ait pu parler comme ça à maman alors qu'elle était en train de mourir », s'emporte Marie-Laure François.

Retard de prise en charge, soupçons de propos méprisants : cette affaire n’est pas sans rappeler celle de Naomi Musenga, jeune femme décédée en 2017. Les filles de Yolande Gabriel s’interrogent sur de possibles biais racistes du Samu, alors que leur mère avait un accent martiniquais. « Il ne faut pas se voiler la face, il y a quelque chose qui s’appelle le syndrome méditerranéen, avançait Marie-Laure à Mediapart. Certains médecins pensent que dès qu’on est d’origine africaine, caribéenne ou maghrébine, on a tendance à exagérer la douleur. »

Exaspération injustifiée

Contacté par Mediapart, le chef du Samu de Seine-et-Marne, le Dr François Dolveck, a assuré que « la prise en charge téléphonique par l'ARM (assistant de régulation médicale, NDLR) puis le médecin a permis un interrogatoire minutieux et prolongé. Malgré quelques signes exprimés d'exaspération injustifiée du médecin, qu'il regrette, la continuité de la prise en charge n'en a pas été affectée. »

« Les "process" de décisions et la prise en charge de Mme Yolande Gabriel semblent cohérents et présentent une vraie continuité », avait ajouté le Dr Dolveck, réfutant tout préjugés racistes.