Décidément, l’encadrement (l’« accompagnement », selon la Cnam) de la prescription des analogues du GLP-1 n’en finit plus de provoquer des remous. Ce jeudi 24 avril 2025, c’est la Fédération française des diabétiques (FFD) qui alerte carrément sur le risque de « rupture de traitement ».
Depuis le 1er février, les médecins doivent justifier les prescriptions des aGLP-1 (Ozempic, Trulicity, Victoza, Byetta) en fournissant un formulaire dédié aux patients, en plus de l’ordonnance. Les praticiens sont censés remplir à cet effet un document simplifié autour de questions clés conditionnant le remboursement. Pour accompagner la démarche, la Cnam a mis en place un téléservice dédié sur amelipro, permettant de vérifier en quelques clics que leur prescription est conforme à l'autorisation de mise sur le marché (AMM) et aux indications thérapeutiques remboursables (ITR). Objectif affiché : combattre le mésusage et sécuriser le circuit du médicament.
Simple sur le papier… Mais à peine lancé, ce dispositif d’aide à la prescription a provoqué le courroux de plusieurs syndicats de médecins libéraux, qui ont dénoncé son caractère « chronophage » voire « lunaire ». La CSMF a appelé au « boycott » de cette procédure qui « rendra plus complexe l’exercice médical et la vie des patients ». « La Cnam nous demande a priori de faire son boulot, confiait dès février son président, le Dr Franck Devulder. On est en train d’entrer dans une usine à gaz. » Un appel au boycott qui se poursuit cette semaine… « Au fil des commissions paritaires locales et régionales qui ont eu lieu ces derniers jours, les directeurs de caisses primaires ont bien du mal à justifier ce dispositif, affirme la branche généraliste de la CSMF. La Cnam va-t-elle enfin admettre, après les trois mois de tolérance, que tout cela doit s’arrêter ? »
Ce jeudi, donc, c’est la puissante Fédération française des diabétiques (qui entend représenter les 4 millions de personnes vivant avec un diabète) qui sonne l’alarme à son tour sur la complexité du dispositif et l’accès menacé aux produits concernés. « Bien que validée dans le cadre de la convention médicale, sa mise en œuvre se heurte à de nombreuses difficultés qui risquent d’empêcher la délivrance remboursable de ces traitements (…), explique-t-elle. Les patients se retrouvent pris au piège, avec un risque réel de rupture de traitement ».
Report du contrôle au 1er juin
Face aux signalements répétés concernant des difficultés d’accès au formulaire de prescription, la Fédération française des diabétiques explique avoir adressé un courrier d’alerte au directeur de la Cnam. « De nombreux médecins refusent de remettre aux patients le formulaire exigé, invoquant une surcharge administrative ou un manque d’information, constate la Fédération. En parallèle, plusieurs pharmacies ont commencé à exiger ce document avant même le lancement des contrôles officiels, renforçant l’incompréhension et les tensions ». Résultat : « des centaines de milliers de patients » peuvent être exposés à une interruption de traitement, affirme encore la FFD.
Et même si la Cnam a repoussé l’entrée des contrôles au 1er juin 2025, il ne s’agit que d’un « répit temporaire qui ne saurait masquer l’urgence d’une réforme plus profonde », insiste la FFD, pour qui la santé des patients « ne peut être compromise par des procédures administratives ou des tensions conventionnelles ».
Prescription électronique
Dans ce contexte, la Fédération appelle « solennellement » à la mise en place immédiate d’un groupe de concertation réunissant les parties concernées – sociétés savantes, syndicats de généralistes et spécialistes, représentants des pharmaciens, Assurance-maladie – afin de « construire une solution simple, claire et sécurisée pour les patients ». Parmi les pistes citées par la fédération, la « prescription électronique intégrant automatiquement les données nécessaires ».
Interrogé début avril par Le Quotidien sur les remous provoqués par ce dispositif d’aide à la prescription, le DG de la Cnam, Thomas Fatôme, avait rappelé la concertation préalable et relativisé l’impact des nouvelles règles du jeu sur l’exercice médical. « Ce dispositif d’accompagnement ne sort pas de nulle part, il est inscrit dans la loi de financement pour 2024, a été discuté dans la convention, travaillé, testé au préalable. C’est un système de vérification en quelques clics qui permet d’éviter des abus coûteux, et qui concerne trois patients en moyenne par an et par généraliste. Nous avons commencé sur les aGLP-1 en février, on fera le bilan au bout de trois mois. » Le temps du bilan semble donc venu.
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