COMMENT retisser les liens distendus par cinq années de réformes contestées ou incomprises ? D’abord, par le choix des mots. « Je ne veux pas opposer les uns aux autres », assure Marisol Touraine, fustigeant, en creux, le slogan sarkozyste, « un seul patron à l’hôpital, le directeur ». La loi HPST ? « Un rendez-vous raté », considère la ministre de la Santé socialiste.
Se défendant de verser dans l’hospitalocentrisme, Marisol Touraine n’a pourtant pas ménagé sa peine pour rendre le sourire aux hospitaliers. « Socle », « épine dorsale » du système de santé, l’hôpital public ne peut être confondu avec une clinique privée, car lui seul assume l’ensemble des missions de service public, estime la ministre. À ce titre, et parce que sa pérennité doit être garantie, l’hôpital mérite un traitement spécial : quatre mois de concertation, préalable à une éventuelle négociation - à laquelle seuls, dans un second temps, les syndicats représentatifs participeront.
Un expert et trois groupes de travail.
Édouard Couty, bombardé pilote de la réflexion, connaît par cœur le jeu d’acteurs qui va se mettre en place à l’automne. Des « points de conflit » surgiront, il s’y attend. L’ancien directeur des hôpitaux, pas totalement retiré du monde hospitalier, puisqu’il préside la Fédération hospitalière de France en Rhône-Alpes, « n’a rien à perdre ou à gagner », souligne Marisol Touraine. Couty promet des recommandations concrètes pour la fin de l’année, dont il assumera seul la responsabilité, en cas d’avis divergents.
Trois groupes de travail sont installés, sur les relations entre la ville, l’hôpital et le médico-social, le dialogue social à l’hôpital, et la gouvernance hospitalière. Danielle Toupillier présidera le groupe consacré au dialogue social. La directrice du Centre national de gestion (CNG) aura la lourde charge de traiter la question, ô combien délicate, de la représentativité syndicale. « Rien ne serait pire que l’éparpillement des forces syndicales », estime Marisol Touraine, jugeant non satisfaisantes, les instances et les modalités du dialogue social entre les médecins hospitaliers et le gouvernement.
Le secteur privé à l’hôpital, ce grand absent.
La ministre a cité un par un les dossiers sensibles - place des CME à l’hôpital, comptes épargne temps… -, donnant l’impression de ne vouloir en éviter aucun. Aucun, sauf l’encadrement du secteur privé à l’hôpital, pourtant censé faire l’objet - selon ses propres annonces pré-estivales - d’une concertation spécifique.
À la sortie de ce premier grand raout au ministère, la communauté hospitalière hésitait entre timide optimisme et doute naissant. La Fédération CGT santé « ne perçoit pas de pistes claires et concrètes concernant certaines préoccupations immédiates », citant l’augmentation des salaires et le renforcement des effectifs. La Coordination médicale hospitalière (CMH) approuve le sens du discours ministériel, mais elle attend le « passage aux actes ». La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) prendra part à la concertation qui s’ouvre. Rassuré, son président, Jean-Loup Durousset, veut voir au-delà des effets d’annonce : « La fin de la convergence tarifaire ne signifie pas la fin de la discussion tarifaire. Si la transparence est faite sur les tarifs, l’hospitalisation privée y aura toute sa place ».
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