Devenue une spécialité à part entière en 2004 après un long combat, la médecine générale souffre encore d'un manque de reconnaissance. Selon une enquête* présentée ce vendredi au Congrès de la médecine générale France à Paris, 88 % des praticiens sondés jugent que le médecin de famille n'est pas mieux considéré qu'au 20e siècle.
Neuf généralistes sur dix estiment que le regard des autres spécialistes sur cette discipline ne s'est pas amélioré. Dans la salle, certains médecins vont même jusqu'à évoquer « une sinistrose ». Un ressenti absolument pas partagé par les jeunes médecins et internes présents à la session qui se disent« très fiers d'exercer ce métier ».
Manque d'équité tarifaire avec les autres spécialités
Le manque d'égalité tarifaire constitue une préoccupation prioritaire pour 80 % des sondés, tandis que le manque d'attractivité aux épreuves classantes nationales (ECN) de la spécialité inquiète 43 % d'entre eux. « La légitimité sociétale reste aussi à conquérir, affirme le Pr Bernard Gay, généraliste enseignant à Bordeaux, qui présida le Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Les médias, les décideurs politiques, les institutions n'ont pas encore compris que c'est la médecine générale qui détient l'expertise des soins de santé primaire. »
Quatre généralistes sur dix considèrent que c'est sur le plan universitaire que la spécialité a eu le plus d'incidences avec la création de postes de professeurs, de maîtres de conférence et de chefs de clinique. Le Pr Dominique Perrotin, ex-président de la conférence des doyens (Tours) confie qu'un énorme investissement pédagogique a été opéré « malgré des moyens limités ». « Le spectre de compétence du généraliste est bien plus étendu que dans d'autres spécialités », reconnaît-il.
34 538 qualifications jusqu'en 2014
« Dès 2007, il y a eu un afflux important de demandes de qualifications, se rappelle le Dr François Simon, président de la section exercice professionnel à l'Ordre. Sur les 103 000 généralistes inscrits à l'Ordre en 2014, 44 % l'étaient en tant que spécialistes. 9 000 ont décroché le nouveau diplôme d'études spécialisées (DES) et plus de 34 500 ont obtenu leur qualification de spécialiste. »
Même si la voie est encore longue, le Dr Gay se veut optimiste : la qualification en médecine générale n'est plus obtenue « par défaut », explique-t-il. Trois voies permettent aujourd'hui d'obtenir ce statut : la reconnaissance automatique après un DES ; la commission de qualification de l'Ordre ; la procédure d'autorisation ministérielle d'exercice (PAE) pour les médecins à diplômes hors UE et du régime général européen pour les praticiens européens.
* 400 médecins généralistes ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 15 février et 6 mars 2017.
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