La médecine de premier recours en souffrance et à l’énergie

Plongée au cœur du désert médical lozérien

Publié le 25/04/2013
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Promesse du candidat Hollande, mission confiée à Marisol Touraine, la lutte contre la désertification médicale est un enjeu de premier plan en Lozère, département rural du Nord du Languedoc-Roussilon. Les libéraux y travaillent d’arrache-pied, pour beaucoup bien après l’âge de la retraite. Le temps de transport complique la prise en charge de l’urgence. Certains praticiens baissent les bras, d’autres se démènent pour attirer les jeunes à la rescousse, avec le soutien des élus locaux. « Le Quotidien » est parti à leur rencontre.

C’ÉTAIT L’UN DES ENGAGEMENTS de François Hollande et sans doute celui sur lequel sa ministre de la Santé dépense le plus d’énergie. La lutte contre la désertification médicale a conduit Marisol Touraine en décembre dans la Vienne, en février dans le Finistère et fin mars en Ardèche... Partout, elle y défend son « pacte territoire-santé » et sa stratégie fondée sur les seules incitations : stages en médecine générale, multiplication des contrats d’engagement de service public (CESP), création de 200 postes de praticiens territoriaux de médecine générale avec revenu garanti, référent installation unique par région mais aussi soutien au travail en équipe, déploiement de la télémédecine et des transferts de compétence ou encore rapprochement entre maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) et universités.

Autre promesse : la garantie d’un accès aux soins urgents « en mois de 30 minutes d’ici 2015 », grâce à l’implication des hospitaliers dans les structures ambulatoires ou l’évolution des hôpitaux de proximité.

Anxiété.

Très isolée des capitales régionales (Clermont-Ferrand et Montpellier sont à deux heures de route de Mende, la préfecture), rurale, en mal de jeunes médecins, la Lozère remplit le cahier des charges des candidats au sauvetage ministériel. Dans certains secteurs, la désertification est déjà une réalité, dans d’autres c’est le départ des derniers médecins en place qui serait catastrophique pour l’accès aux soins.

L’ARS Languedoc-Roussillon a présenté le 28 mars la déclinaison locale du pacte ministériel à l’ensemble des professionnels de santé et élus lozériens. Le débat fut vif. « Nous n’avons pas attendu l’État pour anticiper sur la problématique des déserts médicaux », s’agace-t-on au conseil général.

Depuis 2008, un dispositif local incitatif a permis à trois jeunes généralistes et quatre étudiants en médecine générale de toucher une bourse mensuelle de 700 euros lors des trois années d’internat contre leur engagement à exercer en Lozère pendant cinq ans minimum. « Sept médecins, soit un renouvellement de près de 10 % de la population médicale, c’est considérable! Un beau résultat de la politique volontariste des élus et médecins lozériens », s’enthousiasme le Dr Jean-Paul Ortiz, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS).

Malgré ces efforts, anxiété et souvent fatalisme perdurent sur le terrain. L’Ordre local se dit « inquiet » pour l’avenir du département, en dehors de la région de Langogne, rendue attractive par la nouvelle maison de santé pluridisciplinaire (lire ci-dessous). Le Dr Charles Laronze, président du syndicat des médecins de Lozère (CSMF), estime que rien ne changera sans la réévaluation du C. « Tout le reste, c’est de la littérature ».

Retrouvez notre reportage en diaporama photos sur le site Internet du « Quotidien ».

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9237