DE LA FENÊTRE du salon du Dr Muriel Dousse-Douet, on devine les vallées granitiques de la Margeride, traversée du nord au sud par la vilaine cicatrice de l’autoroute 75. Vingt ans que cette généraliste est installée à Saint-Chély d’Apcher (5 000 habitants). Au 1er octobre 2013, le Dr Dousse-Douet changera « de département, de région, de têtes et de vie ». De médecin libéral, elle deviendra salariée de la MSA.
Acharnement.
Ce choix étonne chez cette quinquagénaire quis’anime dès que l’on prononce le mot « PDS » et défend avec vigueur la médecine libérale, qu’elle « adore » pour « son côté créatif » – terme qu’elle préfère à « entrepreneurial ». Surtout, le libéral, on y est « libre ».
Le Dr Dousse-Douet est (re)connue par ses pairs pour son acharnement à améliorer la prise en charge de l’urgence médicale. Les urgences de l’hôpital de Mende sont à 45 minutes minimum. Au Nord, Saint-Flour (Cantal) est à 30 minutes. Rares donc précieux, les libéraux doivent se coordonner. Dans cet esprit, le Dr Dousse-Douet a fondé en 2006 l’association Synergie 48. Socrate lui offre un slogan : « La connaissance s’accroît quand on la partage ». La régulation s’organise, les libéraux se mobilisent. Gratuitement. Juste « pour rendre service ». Une époque « fabuleuse » pour la généraliste.
En parallèle, le Dr Dousse-Douet est chargée d’enseignement, maître de stage au CHU de Montpellier, se « démène » pour qu’elle et ses confrères puissent accueillir en stage des étudiants de médecine. Elle le sait : la Lozère a besoin de jeunes. Comment les attirer sur le territoire ? Le médecin devient directeur de thèse : « Un bon moyen d’échanger, sans forcer ni signer un quelconque contrat », grimace-t-elle, faisant référence aux mesures coercitives/incitatives régulièrement concoctées par les élus et ministres de la Santé.
La clé du mode d’exercice.
Et puis, il y a « le gros dossier », celui qui aura raison d’elle. La généraliste reconnaît s’être « cassée les dents » sur le projet de création de la maison de santé pluridisciplinaire (MSP) de la ville. Entre 2005 et 2008, des centaines de pages sont rédigées. Des heures de réflexion commune avec chirurgiens-dentistes, pédicures, kinésithérapeutes et infirmiers sont engagées. Lors des élections municipales de 2008, le projet devient enjeu électoral. Seconde sur la liste socialiste, la généraliste est battue. Cinq ans plus tard, la MSP est toujours dans les cartons et la généraliste prépare les siens. En juin, son associé partira en retraite. Le désert se rapproche. Et pour le Dr Dousse-Douet, ce n’est nullement « une question de ruralité » mais de mode d’exercice. « Les jeunes ne veulent pas s’installer. Point ».
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