LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Ce premier PLFSS de François Hollande prévoit 2,4 milliards d’économies sur les dépenses maladie. Le médicament est lourdement mis à contribution. Les radiologues et les biologistes sont visés. Les efforts réclamés sont-ils équitables ?
JEAN-PIERRE DOOR - Ce PLFSS est irresponsable ! Sous la précédente majorité, l’ONDAM à 2,5 % était respecté depuis 3 ans. Or dans une période économiquement difficile, le gouvernement socialiste autorise un ONDAM à 2,7 %, qui signifie 4,6 milliards d’euros supplémentaires ! Ces dépenses ne pourront jamais être honorées. Ce qui est donné d’une main est déjà repris de l’autre, avec ces 2,4 milliards d’économies.
Ce plan est une avalanche de taxes qui promet des lendemains difficiles. Demander un milliard d’économies à l’industrie pharmaceutique, c’est la ronger jusqu’à l’os. Le précédent gouvernement l’a déjà taxée, mais a su dire stop. De même pour les radiologues et les biologistes. Ils savent qu’ils ont des professions privilégiées. Mais si elles sont encore une fois pénalisées, la biologie s’industrialisera totalement et la radiologie sera présente uniquement dans les grandes villes.
Il aurait fallu maîtriser davantage les dépenses grâce à un plan pluriannuel fixant un ONDAM à 2,4 ou 2,5 %. Avec ce PLFSS, on peut s’attendre à de nouvelles taxes douloureuses très rapidement.
La création de praticiens locaux dans les zones fragiles, la forfaitisation d’équipes libérales et l’expérimentation d’un parcours décloisonné pour les personnes âgées visent à renforcer la médecine de proximité et les pratiques coopératives. N’est-ce pas une étape vers une réorganisation significative du système de santé ?
Non, ce n’est pas à la hauteur. La forfaitisation et la coordination des médecins dans le parcours de soins sont positives, mais nous avions déjà mis en place des outils, comme l’expérimentation Sophia pour le diabète. Les maisons de santé pluridisciplinaires ou la création des sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA) allaient également dans ce sens.
Quant aux 200 praticiens locaux que le gouvernement prétend recruter (pour assurer la relève dans les zones sous-denses, ndlr), l’idée est généreuse. Mais qui répondra à l’appel d’offres ? Les généralistes ne vont pas exercer dans des territoires où ils ne veulent pas aller, et beaucoup d’aides sont déjà là.
Ce PLFSS confirme la fin de la convergence tarifaire entre les secteurs public et privé, une promesse du candidat François Hollande...
C’est un regrettable gâchis. Il n’y a aucune raison pour qu’existe une différence de prix d’un endroit à un autre pour un même acte. Il aurait certes fallu engager une réflexion sur les distinctions entre public et privé. On aurait pu sortir les enveloppes des MIGAC (missions d’intérêt général et à l’aide à la contractualisation) et des MERRI (missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation) du financement de l’assurance-maladie pour les confier à l’État... Mais la convergence tarifaire était absolument nécessaire.
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