La prolongation de la fermeture des remontées mécaniques dans les stations de sport d'hiver n'impacte pas que les restaurateurs ou les professionnels du ski. Les médecins qui exercent à l'année dans ces communes sont aussi à la peine, alerte l’association « Médecins de montagne », qui regroupe les quelque 300 généralistes libéraux de ces stations ou des villages proches.
Leur activité est particulièrement « intense » pendant toute la saison touristique, avec des cabinets médicaux équipés de petits plateaux techniques (radio, échographie) et adaptés à la prise en charge de l’accidentologie. Par exemple, ils prennent en charge 95 % des victimes de traumatismes en station et évitent leur hospitalisation. « Beaucoup d'entre nous sont également médecins correspondants du SAMU et prennent en charge des urgences vitales, cela évite d'aller à l'hôpital, souvent à une heure ou 1h30 de route », indique le Dr Suzanne Mirtain, 33 ans, médecin généraliste à Val-Cenis (Savoie), à la tête de l'association.
Un CA qui s'effondre
Entre le premier confinement et la fermeture des remontées mécaniques décidée fin novembre par le gouvernement – et prolongée mercredi 20 janvier jusqu'à une date indéterminée – les difficultés financières s'accumulent. « Nous avons fait un état des lieux : les médecins de montagne constatent en moyenne une baisse de 58 % de leur chiffre d'affaires, indique le Dr Mirtain. Pour un tiers des médecins, cette perte se chiffre même à plus de 70 % ! Cela risque d'être encore pire en janvier car certains médecins ne voient qu'un ou deux patients par jour, et même si des touristes viennent en février, cela ne suffira pas pour compenser. »
Un impact financier accentué par les charges importantes dues à l'équipement des cabinets et des loyers élevés dans certaines stations. Selon la présidente de l'association, les médecins des stations de haute montagne – fréquentées par une clientèle étrangère importante – sont les plus fortement touchés.
Aides urgentes de l'État
Dans ce contexte, « Médecins de montagne » réclame « des mesures urgentes et conséquentes » à l'État et aux collectivités locales, au même titre que le soutien aux restaurateurs ou aux hôteliers. « Nous souhaitons être reconnus comme directement touchés par la fermeture des remontées mécaniques, avec une prise en charge de nos charges, plaide le Dr Mirtain. L'Assurance-maladie avait mis en place un mécanisme de compensation de charges lors des premiers et seconds confinements, mais cela ne court plus. »
Selon l'association, sans aide pérenne, de nombreux cabinets médicaux risquent de fermer « avec toutes les conséquences dramatiques en chaîne au niveau de leur personnel, leur commune, mais aussi des régions ». Et d'alerter encore : « Comment attirer les touristes, aussi bien l’hiver que l’été, dans des territoires qui deviendront bien au-delà des communes de montagne, des déserts médicaux, sans possibilité d’offre de soins de qualité ? »
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