Le ministre de la Santé a fixé lundi au Mans, lors du lancement du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR), un objectif de 10 000 assistants médicaux d'ici à 2025 contre près 3 400 aujourd'hui. Si, avant la pandémie, Emmanuel Macron en avait même souhaité 4000, l'impact du dispositif est aujourd'hui jugé « positif » selon une analyse de la Cnam sur 305 contrats signés, présentée ce matin en commission paritaire nationale (CPN). Selon le document consulté par « Le Quotidien », le recrutement d'assistants médicaux a surtout permis aux médecins de plus de 40 ans et ceux aux patientèles les plus importantes de réduire leur nombre de jours de travail annuels.
Cette réduction est variable selon la tranche d'âge et le nombre de contrats signés. De fait, les médecins âgés de plus de 60 ans de l'échantillon affichent 6 jours de travail en moins. Ce gain de temps est moindre pour la tranche d'âges 40 à 49 ans (4 jours de travail en moins) et celle de 50 à 59 ans (3 jours). La baisse de la charge du travail est aussi remarquée (3 jours en moins sur 263 jours de travail initial) pour les médecins ayant un nombre élevé de patients médecin traitant (soit plus de 1 700 patients). Par ailleurs, cette tendance est observée tant pour les médecins en zone sous dense (- 0,7 % de jours de travail en moins) que pour ceux en zone dense (-1,7 %).
Augmentation de la file active
Autre bonne nouvelle, le recrutement d'assistant médical a aussi permis aux médecins, en parallèle, de prendre davantage de patients médecin traitant et d'augmenter leur file active. La Cnam a étayé cette affirmation en faisant un focus sur les médecins signataires d'un contrat ayant une patientèle moyenne comprise entre 680 et 890 assurés. Ces praticiens sont majoritairement des femmes, âgées entre 40 à 59 ans, exerçant en zone sous dense. En recrutant un assistant à mi-temps (option 2), le médecin parvient à augmenter de 18,8 % sa patientèle médecin traitant (contre une évolution attendue de 24,9 %) et de 16,2 % sa file active (contre 25 % attendus).
Le résultat est plus contrasté en cas d'embauche d'un assistant en tiers de temps. Si le praticien parvient à prendre davantage de patients médecins traitants (11,3 %), le nombre total de patients pris en charge dans l'année baisse de 4,8 %. Le médecin de l'échantillon qui a pris un assistant médical à temps plein a vu sa file active passer de 1391 à 6 770 patients.
Des contrats hétérogènes selon les départements
Mis en place depuis 2019, le recours aux contrats d'assistant médical reste géographiquement hétérogène. Selon une cartographie réalisée par la Cnam, dans plusieurs départements comme le Cantal, la Haute-Marne, la Somme ou encore la Seine-Maritime, le nombre de contrats signés est faible : entre 0,7 et 2,2. À l’inverse, le record revient à l'Ariège avec en moyenne 43 contrats signés. À noter qu'en Ile-de-France, ce dispositif attire davantage les médecins de la Seine-Saint-Denis avec 6,9 contrats signés.
Enfin, cette hétérogénéité géographique s'observe aussi par rapport à la densité médicale. Le recours aux assistants médicaux est davantage utilisé par les médecins installés dans des départements à faible densité médicale, sauf pour le Cantal.
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