Par quoi seront remplacés les quatorze numéros d'appel secours utilisés actuellement dans l'Hexagone ? 15, 18, 17, 112, 116 117... Tous ces numéros devraient bientôt disparaître au profit d'un système plus lisible. Dans son pacte de refondation des urgences dévoilé en septembre, le gouvernement a souhaité en effet simplifier l'accès des patients à la santé. Pour cela, un Service d'accès aux soins (SAS), sorte de plateforme visant à répondre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an à la demande de soins des Français, doit être mis en place avant l'été, articulé avec un nouveau numéro d'appel.
Dans un premier temps, un numéro unique d'appel secours, le 112, regroupant police, pompiers et santé à la façon du 911 américain, avait été envisagé. Mais deux récents rapports commandés par le gouvernement plaident en faveur d'un numéro spécifique pour la santé : le 113. Ces deux expertises, l'une demandée par le ministère de la Santé au député Thomas Mesnier et au Pr Pierre Carli, l'autre interministériel intitulé "Marcus", commandé par l'Avenue de Ségur et la place Beauvau convergent vers un double numéro : le 112 pour les secours police-pompiers et le 113 pour les appels santé. Reste à savoir ce que décidera Matignon, qui doit rendre ses arbitrages dans les prochaines semaines.
Importance d'une régulation formée à la santé
Le scénario 112-113 est soutenu par la Société française de médecine d'urgences (SFMU). Cette société savante estime qu'il est nécessaire de garantir au bout du fil des professionnels formés à la santé pour garantir « le juste soin ». « De nombreux travaux scientifiques montrent l'importance des premiers mots prononcés au téléphone dans l'évaluation des besoins. Il faut garder cette spécificité et cette plus-value que nous avons par rapport aux anglo-saxons. L'analyse des appels par des médecins est une force afin d'éviter de passer à côté de l'urgence vitale », a rappelé la présidente de la SFMU le Dr Agnès Ricard-Hibon. Comme elle l'avait déjà fait dans nos colonnes, la patronne de la société savante a également insisté sur la nécessité d'une « coopération renforcée ville-hôpital » pour la régulation, « pas seulement sur les horaires de permanence des soins mais aussi toute la journée avec le SAS pour réorienter les patients concernés vers des consultations de soins non programmés en ville ».
« De 10 à 15 % » d'appels supplémentaires
La SFMU a rappelé que ces coopérations libéraux-hospitaliers « fonctionnent déjà très bien dans certaines régions » et que ces territoires-là « sont prêts pour expérimenter le nouveau système de régulation ». « Les médecins généralistes ont parfois eu l'impression d'être sur un strapontin mais il faut que chacun ait sa part de gestion pour que cela fonctionne », assurent les urgentistes.
Avec le 113, la SFMU estime que le volume d'appels va augmenter « de 10 à 15 % » par rapport à l'actuel 15. D'où l'importance de « former davantage d'assistants de régulation médicale (ARM) » et « d'inciter les médecins à s'engager dans la régulation », a précisé le Dr Ricard-Hibon. Un autre élément sera déterminant dans la réussite du SAS et du 113 selon la SFMU : « que les patients soient bien informés de ces nouveaux services ».
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