La plupart des médecins généralistes devraient fermer leur cabinet entre le 23 et le 31 décembre. L’enquête internet que legeneraliste.fr a menée auprès de 303 praticiens internautes la semaine dernière prédit en effet une vraie semaine sans généralistes. Dans plus de six cabinets sur dix les patients devraient en effet trouver porte close tous les jours, puisque 44% seront complètement en grève pendant les sept jours à partir du 23 ou du 24, auxquels s’ajoute 13% de généralistes qui prendront une semaine de vacances à ce moment là. A ceux-là, il faut ajouter un petit quart de praticiens (24%) qui sera en grève seulement un jour ou deux. Les estimations de notre enquête sont assez proches de celles d’une autre enquête menée par la FMF -mais auprès de l’ensemble des médecins libéraux- et qui, toutes spécialités confondues, tablait sur 50% de fermetures tous les jours (41% sûrement et 9% sans doute) et 22% de fermetures partielles.
Au total, il se confirme donc que la mobilisation sera forte et l’accès aux soins primaires perturbée en cette fin d’année. « C’est ma deuxième grève en 28 ans. Et je me sent très soutenue par les patients, » confie Isabelle, 54 ans, qui exerce à Pertuis dans le Vaucluse. « Je n'ai jamais fait grève, mais aujourd'hui c'est notre médecine libérale qui est vraiment en danger. Je ne veux pas devenir salariée de la CPAM, » s’exclame Evelyne, une généraliste lyonnaise de 47 ans.
Moins de 2 généralistes sur 10 travailleront normalement
A peine 2 médecins généralistes sur 10 comptent finalement travailler à peu près normalement pendant cette période. « Pas le temps de faire grève, trop de travail et de patients, » rétorque Dominique, 60 ans, qui continuera donc à soigner dans son cabinet de Lisieux. Comme Christian, en Charente-Maritime, mais pour d’autres raisons : « Je ne ferai pas grève, car je trouverai indécent de me plaindre de très bien travailler comme je l’entends et de bien gagner ma vie, alors que de nombreux patients sont au chômage ou touchent le SMIC. »
Face aux difficultés de fermer, quelques uns tenteront aussi un moyen terme entre la grève et les soins : « Nous serons deux à proposer une consultation d'urgence à partir de 20 h sans rendez-vous. Mais le cabinet sera effectivement complètement fermé auparavant. Le secrétariat continuera et les messages d'urgence me seront transmis, » rapporte cette généraliste de Goussainville dans le 95.
L’autre enseignement de cette enquête est le faible recours aux remplaçants, qu’on ne peut guère accuser de jouer les briseurs de grève : seuls 7% des répondants indiquent qu’ils s’en adjoindront un. Comme Isabelle, installée en Meurthe-et-Moselle : « Mon remplaçant a prévu de travailler à Noël depuis 6 mois et n'y renoncera pas ! Difficile de me compter comme gréviste, alors que ce n'est pas l'envie qui me manque », avoue-t-elle. Mais ce phénomène ne sera pas massif. Jean-Paul qui exerce dans le nord de la région parisienne avance une explication : « Je ferme de toute façon mon cabinet, et sans remplaçant : il y a 15 ans que je n'en trouve plus ! »
La période n’est pas idéale, mais on fait avec...
On fera donc grève massivement, mais le choix de la trêve des confiseurs ne fait pas l’unanimité. Disons même qu’une majorité se montre même plutôt critique sur le calendrier retenu. Seuls 13% des répondants à notre enquête estiment que c’est la période « idéale » pour se mobiliser. Comme Frédéric ,qui nous écrit depuis la Loire-Atlantique : « La date est très bien choisie, il s'agit de la semaine où le moins grand nombre de patients consulte.» A l’inverse, un cinquième considère que la fin de l’année est la pire des périodes. « Ridicules ces dates, objecte Dominique depuis l’arrière pays niçois. Il n’y a personne dans les cabinets à cette époque. Une grève en pleine épidémie de grippe serait plus efficace.» « Quelle image donnons-nous ? La majorité des grévistes prendront leurs vacances à ces dates. Ayons le courage de nous mettre en grève, lorsque cela nous coûte, » répond en écho Guy, qui exerce dans le 93.
Entre les deux, un autre cinquième des généralistes affichent l’indifférence - sur le thème, « cette semaine-là ou une autre, peu importe »- et près d’un sur deux pense que ce ne sont pas les meilleures dates, mais c’est mieux que rien. François-Marie, installé dans le Tarn-et-Garonne, est de ceux-là: « Les confrères ne comprennent pas le choix des dates, pas très logique, pas identiques d'un syndicat à l'autre. » Et pour sa part Jean-Luc, dans le Nord, tente la synthèse: « Certes les dates sont peut-être mal choisies, mais elles ont le mérite d'attirer l'attention des patients sur le danger des réformes proposées ».
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