Paradoxale, la médecine générale ? Cette interrogation est nourrie par la sortie ces jours-ci de l’Observatoire des professions libérales de santé réalisé pour CMV Médiforce, spécialisée dans le financement des libéraux de santé. Dévoilés jeudi 31 mars, les résultats de ce 5ème Observatoire suggèrent d’abord que parmi les 486 professionnels interrogés, les médecins de famille sont plus pessimistes que les autres professions de santé (dentistes, pharmaciens, infirmiers, kinés, vétérinaires, biologistes et radiologues) sollicitées dans le cadre de cette étude. En moyenne, les généralistes attribuent en effet une note d’ambiance de 4,6 sur 10 à leur profession, alors que celle octroyée par l’ensemble des libéraux s’établit pour sa part à 4,9.
De même, si les professions libérales de santé restent sombres quant à leur avenir –mais apparemment moins qu’ils ont pu l’être par le passé-, les généralistes le sont plus particulièrement. Ils délivrent, une note de 3,7 sur 10 à l’avenir de leur profession. Plus préoccupant peut-être : « en quatre années de mesure, on est passé de 50 à 70% d’entre eux qui attribuent des notes très faibles (1 à 4 /10) à la situation de leur profession dans les années à venir, » note-t-on chez CMV-Mediforce.
Et pour confirmer cette sinistrose, on notera que, s’agissant de recommander leur métier aux jeunes générations, la majorité des généralistes n’est pas prête à le faire, quand à peine plus de quatre praticiens sur dix s’y emploieraient volontiers. Des données encore une fois plus sombres que celles concernant l’ensemble des libéraux répondants : en moyenne, la moitié recommanderait en effet l’exercice de leur profession à un jeune : c’est même un peu plus qu’en 2015.
Pour l’avenir, relevons d’ailleurs que les appétits des mutuelles inquiètent particulièrement les généralistes. 90% estiment que ces acteurs « vont avoir un poids grandissant dans l’orientation des dépenses de santé des patients, et c’est plutôt une mauvaise chose : » un taux de défiance légèrement supérieur aux autres blouses blanches.
Pour autant, le médecin traitant semble finalement le moins inquiet pour sa situation financière. D’après l’enquête, c’est le moins préoccupé par une baisse à venir de ses revenus (35% vs. 48% en moyenne). Les généralistes sont aussi les moins nombreux à dire que leurs honoraires diminuent (28% tout de même contre 43% dans l’ensemble libéraux de santé). Autre mesure de la mauvaise humeur, la tentation du déconventionnement semble aussi moins les concerner que les autres. Ainsi quand on évoque ces médecins qui ont sauté le pas, 47% considèrent qu’ils ont « bien raison ». Une jugement positif certes non négligeable, mais néanmoins très inférieur aux 60% de l’ensemble des libéraux de santé qui pensent ainsi…
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