Les motifs de contestation invoqués actuellement par les médecins généralistes vous étonnent-ils ?
Patrick Hassenteufel. Ils ne m’apparaissent pas très surprenants. D’autant plus que certains des motifs renvoient à des contestations antérieures. Comme, par exemple, la question du tarif de la consultation et du renforcement du rôle des ARS, déjà contestées en 2009 (HPST) avec la notion du « ?service territorial de santé publique ». Concernant le tiers payant généralisé et le statut des infirmières cliniciennes, ces deux mesures proposées posent plutôt des questions sur la place du généraliste et sa relation par rapport aux caisses d’Assurance Maladie. Cela touche à leur autonomie professionnelle.
Ce mouvement ressemble-t-il à celui de 2002 ?
P.H. Le point commun, c’est bien évidemment la question de la revalorisation du C. Toutefois, il me semble que, par rapport à 2002, les enjeux sont plus larges. En 2002, on était dans un conflit qui était essentiellement tarifaire dans un contexte où le paiement à l’acte était au cœur de la rémunération du médecin. Ce qui est quand même un peu moins le cas aujourd’hui avec l’augmentation de la part des autres moyens de rémunération. La revendication est plus orientée sur le rôle du généraliste et son statut.
Est-ce que le rapport de force vous parait dans la situation actuelle – crise économique notamment – pouvoir tourner en faveur des généralistes ?
P.H. À moins que le gouvernement retire l’ensemble de la loi santé, je ne pense pas qu’ils puissent obtenir satisfaction sur tout. Sur la consultation, cela ne me paraît quand même pas évident parce qu’il y a le contexte budgétaire et ce n’est pas la profession la plus touchée par la crise. La justification d’une augmentation de la consultation peut être remise en cause par le gouvernement. Marisol Touraine a, en effet, déclaré que les revenus du généraliste avaient plutôt augmenté. Il est vrai que par rapport à l’opinion publique, cela me paraît difficile à faire passer. En 2002, on était dans un contexte pré-électoral et finalement c’est l’alternance politique cette année-là qui a permis l’augmentation du C. Ils ont peut-être plus de chances de voir des modifications sur les ARS être adoptées. Sur le tiers payant, c’est quand même la mesure phare du gouvernement, mais sait-on jamais ? Le précédent de l’écotaxe montre tout de même qu'on peut revenir sur une réforme avec des aménagements sur sa mise en œuvre et un calendrier assez lointain. Sur la grève elle-même, je ne suis pas sûr que les dates choisies puissent forcément être bien perçues par l’opinion publique.
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