« Il faut leur dire qu'on fait grève aussi pour eux, pour la liberté de choix de leur médecin, pour la qualité des soins qu'on leur apporte… » Pour Nicole, qui exerce dans un département populaire comme la Somme, pas de doute : à condition de se montrer pédagogue, les patients comprendront le mouvement. Comme elle, 59% de nos sondés estiment que la majorité des assurés adhèrent à cette grève. Seuls 15% des médecins généralistes sont persuadés du contraire. «Je trouve les patients peu informés par la grève. Les rares qui m'en parlent comprennent... mais beaucoup ne sont pas au courant...malgré l'affiche dans l’entrée», observe quant à elle Nathalie, 40 ans, depuis son cabinet de Verson dans le Calvados.
Encore moins affirmatifs, un gros quart des généralistes reconnaissent qu’ils n’en savent rien, soit qu’ils n’aient pas évoqué le sujet en consultation (15%), soit qu’ils n’ont pas idée de leurs réactions (11%). « Il n’y a pas assez de campagne d'explication en direction des patients dans les medias,» regrette cependant une généraliste de Nantes. Diagnostic similaire de la part de ce confrère du Nord : « La grande majorité ignore ce qui se trouve derrière tout ceci. Bien sûr, la perspective d'un tiers payant généralisé les arrange... Mais à part cela, sont-ils prêts à ce changement dans le système de soins ...??? » Pour sa part, Thierry a rodé le discours qu’il sert à sa patientèle bas-normande : « il faut expliquer que cette grève préfigure le futur sans libéraux. » « On leur dit que le médecin aussi est fragile, » renchérit un de ses confrères bretons.
La grève des FSE, souvent évoquée par les généralistes
Premiers impactés par le mouvement, les patients ? Sans aucun doute. Et pas seulement par la fermeture des cabinets. En amont, en aval ou pendant le mouvement, un bon nombre de médecins de famille se disent prêts à participer à d’autres actions. Près de 7 sur 10 en profiteront pour remettre affiches, tracts ou pétitions, à l’instar de Maryse, une généraliste de l’Aisne, qui raconte que, dans son département, « il a été décidé de faire apparaitre notre désaccord, en apposant à l'extérieur de nos cabinets, un bandeau noir en travers de nos plaques, et de faire signer une pétition par nos patients ». La grève de la télétransmission tente également presque les deux tiers de la profession: « Fermer le cabinet ne sert à rien, il faut faire la grève des FSE, parce que c'est par là que l'on tient la CPAM, » argumente Jean, un praticien picard.
D’autres songent au boycott de la nouvelle entente préalable sur les statines non génériquées : une modalité qui tente un praticien sur deux (à moins que certains s’y soient déjà mis...). Et un même pourcentage se dit prêt à battre le pavé pendant la grève, ce qui est non négligeable : « Si on fait grève, il faut le faire savoir et manifester dans la rue, » affirme Isabelle depuis sa Lorraine. « Nous devons faire plus que cesser de télétransmettre et fermer les cabinets, il faut descendre dans la rue avec les patients, » insiste dans le même sens Félix, un confrère corse.
Enfin, même un mot d’ordre plus jusqu’auboutiste comme un C sauvage à 24 ou 25 euros tenterait 43% des médecins généralistes. Qui a dit que la profession rechignait à se mobiliser ?
Suite des résultats, samedi : La grève... et après ?
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