Le Généraliste. Comment caractérisez-vous 2012 pour les généralistes ?
Béchir Chebbah. Il n’y a pas eu de faits particuliers, ni en termes d’activité, ni de revalorisations d’honoraires. Cela donne une évolution à 0 % du chiffre d’affaires, donc une année un peu blanche. Mécaniquement, on retrouve un résultat en baisse, du fait des charges induites par les résultats des années précédentes : on retrouve des réévaluations de CSG ou des régularisations de cotisations qui pèsent sur les résultats des généralistes. En outre, leurs charges de fonctionnement progressent régulièrement, comme l’inflation sur les salaires avec une masse salariale qui augmente de 3,8 % dans les comptes du généraliste. Au total, 2012 est une année étale, avec une baisse de 1,7 % du résultat, liée aux frais qui suivent l’inflation. Toutes les tranches de revenus sont concernées par cette baisse de bénéfice chez les généralistes, même si le plus petit quartile de la profession a été davantage affecté, avec une baisse de 2,8 % du résultat chez ces plus petits revenus qui est lié à un impact plus important des coûts fixes chez les plus petits revenus.
Alors que depuis 2011 les objectifs de dépenses maladie (ONDAM) sont régulièrement respectés, peut-on dire que la crise économique est pour quelque chose dans les dépenses de santé de la population, donc dans les revenus des médecins ?
La crise ne joue pas sur les dépenses de santé prises en charges par l’Assurance Maladie. Elle peut jouer en revanche, à la marge quand il y a des avances à faire par le patient, ou beaucoup, en cas de prestations non prises en charge par la collectivité. FDe fait, il n’est pas exceptionnel que certains de nos adhérents dentistes se plaignent ces derniers temps de manque de rentrées. En revanche, pour les généralistes secteur 1, l’effet crise joue beaucoup moins.
À mon sens, un autre fait joue peut-être davantage : du fait de la démographie médicale actuelle, beaucoup ont sans doute atteint leur capacité d’accueil maximale. Certains ont choisi de faire du temps partiel. Et pour les autres, un bon nombre de médecins saturent.
Les hausses d’impôt décidées ces dernières années vont-elles impacter les généralistes ?
Le gel du barème pour la deuxième année consécutive impacte en réalité tout le monde. À revenu constant, c’est sans effet, mais si le bénéfice d’un médecin augmente d’une année sur l’autre, ne serait-ce que juste à hauteur de l’inflation, il subira une légère hausse de son impôt sur le revenu, puisque le barème n’est pas réévalué. Concernant la nouvelle tranche à 45 %, a priori, cela ne devrait guère concerner un généraliste, sauf à avoir dans son foyer fiscal un conjoint cadre supérieur, puisque cette nouvelle tranche n’intervient qu’à partir de 150 000 euros par part fiscale. Le plafonnement du quotient familial peut en revanche concerner pas mal de monde, puisque l’économie faite par part fiscale est davantage plafonnée. Donc, même pour 80 000 euros de revenus, il y aura des effets sur les impôts payés, sauf bien entendu pour les familles nombreuses comptabilisant 65 ou 6 parts par exemple.
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