LE QUOTIDIEN : Que pouvez-vous dire de l'état des internats de médecine en France ?
KILLIAN L’HELGOUARC’H : Malheureusement, Clermont-Ferrand est loin d'être une exception. Plusieurs autres internats présentent des problèmes similaires, y compris dans des centres hospitaliers. Cela reflète un manque d'investissement chronique des hôpitaux publics, qui n'ont pas priorisé la question du logement des internes, laissant la situation se dégrader. Cela varie selon les internats mais certains atteignent un niveau de dégradation préoccupant. On parle de chambres vétustes, avec des équipements souvent cassés, une isolation défaillante, la présence d’espèces nuisibles et des problèmes de sécurité ainsi que d'accessibilité pour les internes en situation de handicap.
Ces situations impactent énormément la qualité de vie des internes, qui travaillent des heures interminables chaque semaine et ont besoin de trouver des lieux convenables où se ressourcer. Parfois, les internats s’apparentent plus à des lieux de survie, où les étudiants sont contraints de chasser les nuisibles avant de dormir. L’autre souci constaté est le manque de places dans les internats, avec très peu de chambres disponibles ! À mesure que les internats vieillissent, les chambres ne sont pas rénovées et finissent par être fermées car c’est moins coûteux.
Les internats s’apparentent parfois à des lieux de survie où les étudiants doivent chasser les nuisibles
Quels sont les problèmes de sécurité dans ces logements ?
La sécurité laisse clairement à désirer. Dans certaines structures, l'accès se fait par un simple code ou un badge, mais ces systèmes sont souvent partagés, ce qui les rend vulnérables. Un intrus peut facilement deviner le code, et avec des portes mal fermées, l'accès devient très facile. Cela permet à des individus de pénétrer, voler du matériel ou même de manger et dormir sur place.
Des incidents de sécurité, comme des agressions et des vols, nous ont été rapportés par plusieurs subdivisions. Pour des internes qui travaillent parfois très tard et doivent rentrer seuls, c'est un vrai souci. Dans certaines résidences, il n'y a même pas de vérifications régulières sur les installations électriques. Les internes vivent dans des conditions qui ne garantissent même pas la sécurité de base.
Quelles améliorations réclamez-vous pour les conditions de vie dans les internats ?
Ils doivent être réhabilités pour devenir des lieux décents, avec des chambres correctes, des espaces communs entretenus et des cuisines fonctionnelles. Il est urgent d'installer des systèmes de sécurité adaptés et de garantir un suivi d’entretien régulier pour éviter la dégradation des lieux. L'internat de demain doit être accessible aux personnes en situation de handicap, offrir des espaces de détente et une salle de sport pour maintenir une bonne condition physique. Le tout doit être financièrement accessible, pour des jeunes médecins en formation dont le salaire est en dessous du Smic horaire.
Article précédent
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
Killian L’helgouarc’h (Isni) : « Certains internats s’apparentent plus à des lieux de survie »
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU