Les internats hospitaliers, longtemps perçus comme des lieux d'accueil agréables pour les jeunes médecins en formation, peinent à remplir leur mission. Entre vétusté des bâtiments et manque de places, les juniors dénoncent des conditions de logement souvent indignes et réclament des rénovations.
Créés en 1802 sous Napoléon Bonaparte afin de garantir une présence médicale permanente dans les hôpitaux, les internats de médecine ont depuis toujours eu vocation à offrir aux étudiants un hébergement pratique et proche de leur lieu de stage.
Mais si ces logements constituent aujourd’hui encore une solution précieuse pour les internes, qui changent de stage tous les six mois, leur état dégradé actuel dans de nombreux CHU soulève de nombreuses critiques en raison de bâtiments délabrés, de conditions d'hygiène souvent déplorables et d’une pénurie de locaux proposés qui laisse de nombreux jeunes médecins sur le carreau.
Dans le temps, il y avait effectivement bien plus de places disponibles
Pr Rémi Salomon, président de la conférence des présidents de CME de CHU
Très convoités par les jeunes pour leur coût abordable, ces logements hospitaliers sont en effet majoritairement attribués aux faisant fonction d'interne (FFI) et aux praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue), laissant peu d'opportunités aux autres internes d'y accéder.
En région parisienne, les internats hospitaliers sont presque inexistants. À peine quelques dizaines de logements franciliens sont proposés pour plus de 1 500 internes en formation. « Dans le temps, il y avait effectivement bien plus de places disponibles », confie le Pr Rémi Salomon, président de la conférence des présidents de CME de CHU. La réduction progressive des capacités d'hébergement est en grande partie due à la fermeture progressive des chambres jugées inhabitables en raison de l'état des bâtiments.
Vétusté et conditions spartiates
À Marseille, l’internat de la Timone qui accueille une centaine d’étudiants est piteux état : les jeunes cohabitent avec les rats et les cafards. Tandis qu’à Clermont-Ferrand (lire page 12), le bâtiment, vieux de plus de 50 ans, cumule les défauts et les faiblesses : murs décrépis, fuites à répétition, balcons fragilisés et présence d'amiante. Jamais véritablement rénové depuis sa construction dans les années 1970, il illustre l'inaction des pouvoirs publics.
Mais ces deux cas sont loin de faire figure d’exception. Selon une enquête récente* menée par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), 28 % des internats français contiennent de l'amiante. Selon ce même audit dont Le Quotidien dévoile les premiers résultats, 16 % des bâtiments ont été construits avant les années 1950 et 36 % entre les années 1950 et 1980. Surtout, seulement un quart de ces édifices ont fait l’objet de rénovation ces cinq dernières années.
Sans contester la réalité de cette situation immobilière fragile, le patron des doyens de médecine, le Pr Benoît Veber, met les choses en perspective. « Il est possible que certains internats soient très anciens et aient besoin d’une rénovation urgente. Mais je n’ai jamais entendu dire que cela impactait les choix des internes qui habitent dans l’immense majorité en ville dès leur 1er semestre. »
Il n’empêche : avec la forte augmentation prévue du nombre d'internes dans les années à venir, l'Isni a fait du logement étudiant l’une de ses priorités pour 2025. Dans un contexte où les CHU affichent un niveau de déficit historique, l'organisation syndicale appelle les collectivités territoriales et les régions à s'impliquer activement sur cette problématique des hébergements. Parallèlement, des discussions ont été entamées avec des partenaires privés pour explorer des solutions afin de rénover les internats hospitaliers.
Au total, 15 subdivisons sur 28 ont répondu à l’enquête.