Outil permettant d’améliorer la pertinence clinique, l’échographie mérite d’être déployée plus amplement dans le cadre de la médecine d’urgence. Aujourd’hui, le recours aux examens irradiants (scanner, radios…) est trop souvent systématique. « Cela engendre des risques pour les patients et contribue à l’engorgement des services d’urgence, puisque les patients doivent attendre parfois longtemps, en salle d’attente, avant d’accéder à un examen complémentaire », indique le Pr Xavier Bobbia, PU-PH à l’université et au CHU de Montpellier, président de la Commission scientifique de la SFMU.
Mais l’échographie clinique en médecine d’urgence (Ecmu) n’est pas considérée comme un examen complémentaire, car elle est effectuée pendant l’examen clinique. « Tous les médecins urgentistes devraient être capables d’utiliser l’Ecmu. Or, dans le cadre d’une enquête que nous avions menée en 2017, moins de la moitié était formés à la réalisation de cet examen. Nous menons une nouvelle enquête sur le sujet dont les résultats paraîtront d’ici quelques mois. Ceux-ci devraient être améliorés car désormais la formation à l’utilisation de l’Ecmu est devenue systématique dans les facultés de médecine pour les étudiants souhaitant devenir urgentistes », note le Pr Bobbia.
Avantage de taille aux urgences, l’Ecmu livre ses résultats en direct. « On peut comparer l’usage de l’échographie à celui du stéthoscope : le médecin pose une question clinique à laquelle il peut répondre tout de suite grâce à l’Ecmu. Les résultats obtenus ne nécessitent pas de rédiger un compte rendu standardisé, comme cela est le cas pour les examens complémentaires. Cela permet donc un gain de temps considérable », précise le Pr Bobbia. Mais l’Ecmu a ses limites : il s’agit rarement de l’examen de référence pour les patients admis aux urgences. « Il faut donc bien cibler la plus value de la technique », prévient le Pr Bobbia.
Depuis quelques années, l’échographe portable (notamment, de poche) s’est largement développé dans les services d’urgence. Le médecin urgentiste l’a en permanence sur lui. « En 2017, 71 % des services d’urgence et 28 % des Smur étaient équipés d’un échographe. Pour ces derniers, il s’agissait, pour la grande majorité, d’échographes de poche. Là encore, nous disposerons de chiffres plus récents d’ici quelques mois », explique le Pr Bobbia.
Entretien avec le Pr Xavier Bobbia (Montpellier)
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