La région Sud investit dans le domaine de la santé avec le déblocage de six millions d'euros pour la reconstruction du SAMU-SMUR* régional. Entièrement neuf, le bâtiment de 4 000 m2 dont la livraison est prévue en 2024, sera situé dans l’enceinte de la Timone. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) Renaud Muselier, également médecin, explique au « Quotidien » cet engagement fort dans la santé et, au-delà, la mobilisation régionale contre les déserts médicaux.
LE QUOTIDIEN : La région PACA engage six millions d’euros pour construire un SAMU du futur. Pourquoi intervenez-vous sur ce dossier ?
RENAUD MUSELIER : Je suis dévasté parce que j’ai été un ancien urgentiste pendant deux ans ! Le traitement des urgences est le miroir de notre système de santé. Nous devons y être très attentifs et redoutablement vigilants. Je ne comprends pas que le gouvernement n’apporte pas de réponse à cette grève qui dure depuis presque un an. C’est grave car cela affaiblit l'hôpital public.
En tant que président de région, la santé ne relève pas de mon domaine de compétence mais la formation, l’aménagement du territoire et l’économie en font partie. C'est pourquoi nous avons déjà débloqué de l’argent pour la rénovation et l'équipement des salles d’attente dans les hôpitaux, la formation des infirmières de pratique avancée (IPA) pour aider les médecins urgentistes et le soutien à la création de maisons médicales de garde qui peuvent permettre une première régulation des flux de patients. On a déjà mis six millions d'euros pour aider les urgentistes de la région ! Est-ce une goutte d’eau qui tombe dans un lac ou une pierre qui construit vraiment quelque chose ? Je n’en sais rien encore mais je ne pouvais rester sans rien faire.
La reconstruction du SAMU/SMUR s'inscrit-elle dans cette même logique d'engagement de la région dans la santé ?
Je me suis dit : quel est l’endroit où je peux être le plus efficace tout de suite, en partenariat avec les autorités sanitaires locales, et les professionnels de santé ? Il nous a sauté aux yeux qu’il fallait moderniser le SAMU et pouvoir nous projeter pour les 30 prochaines années. Aujourd’hui avec 16 000 appels par agent, 875 000 au total l’année dernière, les agents fonctionnent avec des conditions de bric et de broc.
C’est pour cela que nous mettrons effectivement six millions d’euros au service de cette structure qui sera compétente pour gérer toute situation de catastrophe ou de désastre majeur sur le grand quart sud est (Occitanie, Corse et PACA). La dimension du SAMU n’est donc pas seulement marseillaise. C'est unique en France, nous souhaitons en faire le plus beau SAMU d’Europe et le plus en pointe sur les nouvelles technologies.
Quel est votre sentiment sur la crise des hôpitaux marseillais de l'AP-HM ?
L’AP-HM constitue un problème en soi. Nous avons le deuxième CHU de France et on nous annonce un Copermo [Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins, qui examine la faisabilité opérationnelle et financière des opérations proposées, NDLR] de la 10e ou 15e ville de France ! Tout cela est la conséquence de nombreuses années de politique aléatoire. Trois DG se sont succédé en cinq ans. Comment peut-on avoir une stratégie pour le premier employeur de la ville quand on fait face à ces aléas ?
On nous a dit qu’en fermant des hôpitaux, ça irait mieux... Quand j’ai commencé médecine, il y avait huit hôpitaux, nous en sommes à quatre aujourd’hui. Au final, cela n’a rien changé, ce qui veut dire que cette stratégie n’est pas la bonne. À mes yeux, le Copermo est un projet immobilier mais il ne doit être appliqué que s’il existe une vision d’ensemble de la restructuration et des modes de gestion. J’ai donc choisi d’aider les urgences mais en dehors du Copermo.
Sur quelles autres priorités de santé mobilisez-vous la région ?
Nous sommes fiers de ce que nous faisons pour lutter contre les inégalités de territoire, autant en ville que dans les territoires ruraux. Pour combattre les déserts médicaux, nous misons sur la création des maisons régionales de santé. Nous engageons entre deux et quatre millions d’euros par an en faveur de ces maisons régionales, pour un total de 14 millions d’euros fin 2019. On approchera les 100 maisons en fin de mandature. Parallèlement, on soutient la télémédecine et l’installation de médecins en milieu rural.
Deuxième priorité : nous allons mettre 25 millions d’euros sur cinq ans dans le plan cancer régional, avec 5 volets prioritaires : la recherche, la prévention, la formation des soignants, l’accompagnement des patients et des familles et les cancers de l’enfant.
Enfin nous proposons des mesures cibblées pour la santé des jeunes [le PASS Santé jeunes, bonus de 90 à 140 euros pour près de 20 000 jeunes] et des personnes âgées.
*Le SAMU de l'AP-HM reçoit plus de 875 000 appels par an, organise 35 000 déploiements d’équipage de SMUR par an et assure 2 330 déploiements d’hélicoptères par an.
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