La pénurie de soignants ne touche pas uniquement la France. Au Canada, depuis le début de l'été, le nombre de services d'urgences contraints de fermer pour une nuit, un week-end ou plus longtemps encore par manque d'infirmiers se compte par dizaines.
Épuisement professionnel dû à la pandémie, mauvais traitements de la part de patients ou encore insatisfaction salariale sont autant de raisons qui poussent ces professionnels à démissionner. « La situation est critique, s'alarme Cathryn Hoy, présidente de l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (ONA). Les infirmières sont détachées, démoralisées et désespérées. »
Dans la capitale Ottawa, la crise est telle qu'il n'est pas rare de n'avoir plus aucune ambulance disponible (les véhicules étant bloqués aux urgences, ne pouvant décharger leurs patients). Entre janvier et juillet, ce scénario s'est reproduit plus de 1 000 fois. La semaine passée, un hôpital de Peterborough, à l'est de Toronto, a été contraint de soigner des patients en brancards sur le parking faute de places à l'intérieur, raconte Cathryn Hoy. Dans la province voisine du Manitoba, le Dr Merril Pauls raconte que des lits aux urgences ont dû être fermés « à plusieurs reprises » cet été par manque de paramédicaux. « Nos infirmières travaillent vraiment dans des conditions insensées », s'indigne le médecin.
Conditions de travail exténuantes
La situation n'est pas près de s'améliorer. Une récente enquête menée par le plus grand syndicat canadien, le SCFP, a révélé que 87 % des infirmières ont déjà songé à quitter leur emploi « à cause de conditions de travail ingrates et exténuantes ». Même les nouveaux diplômés démissionnent, constate la présidente de l'ONA.
Le manque de personnel infirmier n'est pas le seul facteur de crise. Nombreux sont les Canadiens qui n'ont pas d'autre choix que de se rendre aux urgences faute d'avoir un médecin de famille. À cela s'ajoute une pénurie récurrente de lits, qui entraîne de longues attentes pour transférer les patients des urgences vers les différents services.
En réponse, l’Ontario, province la plus peuplée du pays, a adopté fin septembre un projet de loi autorisant le transfert de patients en attente de soins de longue durée vers des établissements situés jusqu'à 150 km de distance. Par ailleurs, le gouvernement fédéral s'est engagé à faciliter la reconnaissance des diplômes étrangers afin d'aider 11 000 médecins et infirmières immigrants à combler les vides : 34 400 postes d'infirmières sont vacants.
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