Le dispositif VigilanS propose une combinaison de plusieurs médias pour rester en contact avec une personne sortant d’hospitalisation après une tentative de suicide (TS) : une carte de crise comportant un numéro d’appel pour la personne ou son entourage, des appels téléphoniques proactifs de la part de l’équipe VigilanS pour certains profils, des cartes postales envoyées régulièrement, un numéro de téléphone recours pour les professionnels de santé du territoire concerné, etc. (1). Tous les suicidants sont concernés : mineurs, sous mesure de protection, avec des handicaps sensoriels, etc. Très prochainement, la procédure VigilanS va être déclinée et testée en détention sur plusieurs sites du Nord et du Pas-de-Calais (en détention et pendant les six mois suivant la levée d’écrou).
Déployé depuis le 2 février 2015 dans cette région, le dispositif a été testé dans d’autres contextes culturels et sanitaires : en Bretagne, Normandie, Languedoc-Roussillon et dans le département du Jura. Aujourd’hui, il s’étend ailleurs en France métropolitaine et d’outre-mer (fig. 1).
Un nouveau métier
Une cellule régionale, implantée dans le centre 15 ou articulée au dispositif de soins en santé mentale, composée de « VigilanSeurs » (infirmiers psychiatriques et psychologues, secrétaire, médecin coordinateur) assure ce travail de lien, en relation étroite avec les sites hospitaliers partenaires (services d’urgence, centres de crise, secteurs psychiatriques, cliniques privées) et les professionnels de santé qui suivent le sujet en ambulatoire (médecin traitant, infirmier libéral, scolaire ou du travail, psychiatre, etc.). Un débriefing hebdomadaire des situations difficiles se révèle indispensable pour que les professionnels inscrivent leurs interventions dans le temps et développent une culture de ce nouveau métier de la santé mentale.
Un retour régulier du centre régional vers les sites (visites sur place une ou deux fois par an) et les partenaires de santé ambulatoires (e-mails, courriers, et plus particulièrement interventions en FMC) s’avère particulièrement important pour implanter durablement cette nouvelle approche de prévention.
Des résultats encourageants
L’évaluation du dispositif « en vie réelle », menée par Santé publique France, est en cours. Dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, après bientôt quatre ans de déploiement, plusieurs constats sont à dresser :
● Tous les sites de la région (publics ou privés) ont accepté de partager l’aventure de ce nouveau dispositif ;
● Nous assistons à une baisse des passages aux urgences pour TS sur l’ensemble des 26 services d’urgence. Selon l’évaluation menée par le centre d’investigation clinique du CHU de Lille, cette baisse est globalement de 13 % entre 2014 et 2017 ; elle varie en fonction de la plus ou moins bonne pénétrance du dispositif, allant jusqu’à 30 % dans les sites où cette pénétrance dépasse les 50 % de suicidants quittant le service des urgences ;
● Cette diminution est retrouvée à partir des données du PMSI. L’évaluation menée par la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (F2RSM) la constate dans le Nord et le Pas-de-Calais, en contraste avec l’évolution en Picardie, territoire comparable sur le plan épidémiologique, sur la même période (fig. 2) ;
● À partir d’un proxy d’estimation de la mortalité par suicide (dénombrement des levées de corps pour suicide par les médecins légistes), une baisse de 12 % des décès par suicide est observée sur la période 2014-2017.
Un débriefing hebdomadaire des situations difficiles se révèle indispensable
Respectivement chef du service de psychiatrie d’adultes et psychiatre au CHRU de Lille (1) Duhem S et al. Combining brief contact interventions (BCI) into a decision-making algorithm to reduce suicide reattempt: the VigilanS study protocol. BMJ Open. 2018 Oct 23;8(10):e022762
Hôpitaux de Marseille : « l’affaire Adida est une déflagration », juge le DG de l’AP-HM François Crémieux
Santé des soignants : deux prix pour valoriser l’engagement des blouses blanches pour leurs pairs
Accès aux soins psy : l’alerte de la FHF
Directeur d’hôpital, un « métier exigeant et d’engagement » dont il faut « prendre soin », plaide l’ADH