À l’hôpital, l’expérience patient gagne du terrain

Par
Publié le 07/02/2025
Article réservé aux abonnés

Les résultats du dernier Baromètre de l’expérience patient font apparaître une acculturation et un engagement croissant des professionnels de santé hospitaliers pour cette approche anglo-saxonne du soin, qui invite à considérer le patient au-delà de sa prise en charge.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Restitués la semaine dernière au ministère de la Santé, les résultats du sixième Baromètre de l’expérience patient témoignent de l’intérêt grandissant des soignants hospitaliers pour cette approche globale du soin, de l’aide et de l’accompagnement des patients et personnes fragiles.

Née au début des années 2000 aux États-Unis et en Europe du Nord, la notion d’expérience patient consiste à voir la personne hospitalisée au-delà de sa pathologie et à lui donner un rôle actif dans sa prise en charge. En France, l’Institut français de l’expérience patient (Ifep, commanditaire du baromètre) est chargé de diffuser les connaissances relatives à cette vision afin d’en faire un levier d’amélioration de la prise en charge de la population.

Dans le dernier baromètre* de l’Ifep, 71 % des répondants déclarent avoir déjà entendu l’expression « expérience patient » (78 % chez les médecins). Ils étaient 54 % en 2020. Les effets positifs de cette approche sont désormais identifiés, une grande majorité de répondants mentionnant un impact important « sur la relation avec les patients et les résidents » (96 %), « sur la qualité de la prise en charge » (96 %) et sur « l’image et la réputation de l’établissement » (95 %).

Impliquer davantage les médecins

D’après les professionnels de santé, le ressenti et le vécu des patients et de leur famille sont davantage pris en considération au sein des établissements de santé. Au final, 82 % des soignants interrogés rapportent un engagement positif avec, dans un certain nombre de cas, la présence d’une direction dédiée (45 %) ou d’un professionnel identifié (18 %) pour être à l’écoute. « 85 % des professionnels soulignent que leur direction est engagée dans une démarche structurée d’amélioration de l’expérience patient. Enquête après enquête, les chiffres progressent », se félicite Amah Kouevi, directeur de l’Ifep.

L’expérience patient consiste à voir la personne au-delà de sa pathologie et à lui donner un rôle actif dans sa prise en charge

Mais tout n’est pas rose. Car 62 % des soignants estiment que l’impact de leurs conditions de travail sur leur santé mentale est un frein au développement de l’expérience patient. Par ailleurs, 45 % déplorent des ressources budgétaires insuffisantes (45 %) et 40 % regrettent un manque de formation des équipes. « Depuis 2019, l’Ifep propose des formations-actions qui mettent le pied à l’étrier pour les équipes qui souhaitent concrètement s’engager à mieux prendre en compte l’expérience de leurs patients. La demande s’est encore accélérée avec le renforcement progressif des exigences dans le cadre de la certification », commente Amah Kouevi.

Le directeur de l’Ifep mise aussi sur l’intégration de l’expérience patient dans la formation initiale et continue des médecins, une piste de travail de la direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère) déjà déployée par la faculté de médecine de Lyon. « Depuis quelques années, les étudiants en troisième année doivent se rendre au domicile de personnes malades chroniques afin de mieux se rendre compte des conditions de vie des patients et donc de la nécessité d’avoir une approche globale dans l’exercice de leur métier, conclut-il. J’ai assisté à une restitution au cours de laquelle chacun venait exposer ce que cette expérience lui avait appris. Cette action innovante est particulièrement intéressante et mériterait d’être reprise partout sur le territoire. »

*2 407 professionnels de santé (13 % de médecins) exerçant dans un établissement de santé ou médico-social ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 15 octobre et le 23 novembre 2024


Source : Le Quotidien du Médecin