En quoi l’intérim médical est-il vital pour le centre hospitalier du Charollais Brionnais, dont vous présidez le conseil de surveillance ?
Notre centre regroupe trois établissements et rayonne sur un bassin de population de 100 000 habitants. Nous ne sommes pas un CHU, nous sommes un hôpital intermédiaire, mais nous avons un plateau technique important, et nous avons besoin de médecins pour répondre aux besoins des habitants. C’est pourquoi nous travaillons depuis de longues années avec des médecins intérimaires de différentes disciplines.
Pourquoi vous être mis en grève de la faim contre le plafonnement de l’intérim, qui doit peser lourdement sur le budget de l’établissement ?
L’intérim médical est évidemment une dépense importante, mais elle est tout à fait soutenable. Cela représente environ 2 millions d’euros sur notre budget de 62 millions. Et je voudrais souligner qu’en 2019, nos finances étaient à l’équilibre, ce qui est loin d’être le cas d’être le cas dans tous les hôpitaux. Mais je ne conteste pas qu’une régulation de l’intérim est nécessaire, car celui-ci est devenu un marché pour certains praticiens. Ce que je conteste, c’est la manière avec laquelle le ministère a voulu appliquer cette régulation.
C’est-à-dire ?
Chaque hôpital a ses spécificités, et il ne me semble pas pertinent d’appliquer cette régulation de manière aveugle et uniforme, sans tenir compte des spécificités de la province. Sans intérim, notre hôpital ne peut tout simplement pas fonctionner en totalité. Le directeur de l’ARS (Agence régionale de santé, ndlr), d’ailleurs, l’a bien compris : dès qu’il a su que j’étais en grève de la faim, il m’a appelé pour me dire qu’une solution serait trouvée avant le 27 octobre.
Quel futur envisagez-vous pour l’hôpital ?
Je craignais que cet établissement ne ferme complètement, ou qu’il devienne un établissement gériatrique. C’est le mouvement induit par la volonté parisienne de tout concentrer sur les agglomérations urbaines, que je conteste depuis des années. Or, pour éviter cette concentration, les établissements intermédiaires ont un rôle important. Non seulement ils évitent à la population de faire des kilomètres, mais ils permettent également de ne pas surcharger les hôpitaux des grands centres. Et pour la médecine de ville dans notre zone, la présence d’un plateau technique MCO (Médecine-chirurgie-obstétrique, ndlr), avec scanner, IRM, urgences, est une chance aux yeux de praticiens qui voudraient s’implanter. Il faut vraiment abandonner ce mode de gestion vertical, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.
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