Un des principaux écueils persistant à l’hôpital est la problématique du temps de travail chez les praticiens hospitaliers. Réglementairement, celui-ci est comptabilisé en dix demi-journées par semaine, mais la tendance des hôpitaux est de mettre en place localement un décompte en temps de travail continu, sur le principe d’une heure travaillée équivaut à une heure décomptée. C’est du moins ce que constate la dernière enquête fouillée du Snphare sur le sujet, qui tend à montrer les disparités et les anachronismes encore présents dans les pratiques des hôpitaux.
Mené du 21 novembre 2024 au 9 mars 2025, ce sondage diffusé par mail et sur les réseaux sociaux du syndicat regroupe les réponses de 1 305 praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (89 % de MAR) et intensivistes-réanimateurs (11 % de MIR). 85 % exercent à temps plein, pour l’essentiel en CHU (57 %) et en centre hospitalier (43 %).
Trois praticiens sondés sur quatre disent travailler plus de 48 heures par semaine, c’est-à-dire au-delà du plafond légal. 15 % disent même exercer plus de 60 heures hebdomadaires.
Il faut arrêter la demi-journée et passer en temps continu, c’est la demande des praticiens hospitaliers MAR et MIR
Dr Mathieu Brière, vice-président du Snphare
Dans le détail, 59 % des spécialistes en anesthésie travaillent en temps continu, régime dérogatoire à la norme (la demi-journée) que de plus en plus d’hôpitaux plébiscitent pour cette discipline de bloc soumise aux gardes et astreintes. En 2018, la même enquête du Snphare ne recensait que 29 % du temps de travail décompté de la sorte. En 2024, c’est donc 41 % du temps de travail des MAR et MIR qui est décompté en demi-journée – ce qui, aux dires du Snphare, ne va pas sans difficultés.
De fait, l’insatisfaction règne chez ces PH. Seuls 33 % apprécient ce régime de la demi-journée. À l’inverse, ceux en temps continu en sont satisfaits à 84 %. La majorité de ce décompte se fait au forfait (quatre heures de consultation, cinq heures de bloc, etc.), une méthode que les PH jugent plus pertinente que le pointage, pas vraiment dans la culture médicale, ou le temps réel déclaré par le praticien, ce qui réclame trop de paperasse à ce dernier.
« Il faut arrêter la demi-journée et passer en temps continu, c’est la demande des praticiens hospitaliers MAR et MIR », commente le Dr Mathieu Brière, vice-président du Snphare, qui relaye une demande de longue date du syndicat.
Autre facteur aggravant en défaveur du décompte en demi-journée : la durée exacte de cette jauge n’est pas définie dans 82 % des cas. Elle est laissée à l’appréciation des hôpitaux, qui place en général le curseur à 5 heures. Ce qui place les établissements au-delà du seuil réglementaire de 48 heures et réclame donc des ajustements de-ci de-là, pas toujours dans les clous réglementaires.
Côté permanence des soins, sans surprise, 95 % des MAR et MIR y participent et 43 % assurent des gardes et des astreintes. Après une astreinte nocturne, 59 % des praticiens enchaînent sur une journée normale. En cas de déplacement lors de l’astreinte nocturne, seulement 17 % des répondants prennent leur repos de sécurité, alors que la réglementation impose un repos de 11 heures après le dernier déplacement. Un état de fait que le Snphare dénonce.
Les PH contraints de faire du TTA pourtant non obligatoire
Enfin, le temps de travail additionnel (TTA) prend une part de l’emploi du temps des PH toujours très importante. 92 % des sondés font du TTA, contre 75 % en 2018. Surtout, 61 % d’entre eux disent y être contraints, soit parce qu’ils culpabilisent, soit parce que leur chef de service le leur demande, alors que le TTA doit normalement n’être proposé que sur la base du volontariat.
Autre chiffre alarmant : 30 % des PH ne savent pas vraiment comment ils sont rémunérés en TTA, modalité qui est moins rémunérée que les heures de service obligatoire. Là encore, l’étude souligne les manquements des établissements qui n’envoient aucun décompte dans 20 % des cas et ne proposent aucun contrat dans 45 % des cas.
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