Alors que le président de la République sortant n'a pas annoncé son programme pour la santé, la Fédération hospitalière de France (FHF) – qui auditionnera les candidats lors d'un « grand oral » jeudi prochain – présente sa propre « stratégie de transformation ». Une feuille de route de 70 pages que la fédération avait commencé à égrainer dès le mois de novembre dernier à l'occasion du salon Sant'expo, et qui est assortie désormais d'un calendrier de mise en application de 30 « ambitions », à commencer par une grande loi de programmation pour la santé dès cet automne. Laquelle serait doublée d'une autre loi de programmation sur l'autonomie.
États généraux de l'accès aux soins
« Une politique de santé n’a de sens qu’à condition d’être envisagée sur plusieurs années, fait valoir la FHF. Les effets d’une campagne de prévention, les investissements dans de nouveaux outils, le cycle de l’innovation ou la formation des professionnels impliquent de raisonner à moyen terme. » C'est pourquoi, elle suggère l'organisation d'états généraux de l'accès aux soins « dès juillet », centrés sur les difficultés d'accès aux soins de premier recours et… à la permanence des soins des médecins libéraux. Ce dernier sujet, marotte de la FHF, devrait pouvoir être réglé « d'ici à janvier 2023 », selon elle.
Ce mini Ségur de la médecine de ville doit « aboutir dans un délai court », a insisté jeudi devant la presse le président de la FHF. « Si les acteurs n'arrivent pas à trouver un consensus pour avancer sur le sujet de la permanence des soins, ce sera au gouvernement de trancher » au travers de la loi, avance Frédéric Valletoux.
Virage préventif
La grande réforme que le lobby hospitalier appelle de ses vœux devra « garantir les ressources pour cinq ans des hôpitaux publics » et « dessiner une stratégie de refondation de la santé publique en mettant en avant le virage vers la prévention », décrit encore le président de la FHF, également référent régional du nouveau parti d'Édouard Philippe, Horizons, allié de la majorité.
Un bon indicateur de réussite serait de mesurer l'amélioration de l'espérance de vie en bonne santé, de la même façon qu'on suit l'évolution du PIB. Or, un gain d'espérance de vie en bonne santé de cinq ans, c'est 10 milliards d'euros d'économies pour la collectivité, rappelle la FHF en référence aux estimations de la Cour des comptes.
Campagne tarifaire tardive
Ces propositions s'inscrivent dans le contexte de la traditionnelle « campagne budgétaire » du mois de mars, où le ministère de la Santé fixe les tarifs hospitaliers, privés et publics, pour l'année en cours. « Les textes réglementaires sont en retard, nous les attendons pour la seconde quinzaine de mars, souligne Cécile Chevance, responsable du pôle finances de la FHF. Dans l'attente, nous avons demandé aux hôpitaux d'interrompre leurs facturations ».
En revanche, les signaux semblent au vert au sujet des dernières délégations de crédits pour l'année 2021. Le déficit du public et du privé non lucratif pour l'année dernière est estimé autour de 1,6 à 1,7 milliard d'euros. Une rallonge d'un milliard est attendue, ce qui ramènerait le déficit à son niveau d'avant la pandémie.
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