L’inquiétude semble être montée d’un cran ces derniers jours, parmi les grandes fédérations hospitalières, face au programme et aux idées du Rassemblement national dans le cadre des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
C’est d’abord sur le terrain général des « valeurs » universelles de l’égal accès aux soins, de l’accueil « inconditionnel » de toutes les vulnérabilités et du respect des droits individuels et collectifs « pour tous » que les fédérations hospitalières se positionnent. En termes plus ou moins explicites…
Les valeurs du service public sont incompatibles avec toute forme de discrimination, de rejet ou d’intolérance
La Fédération hospitalière de France (FHF)
Alors que le Rassemblement national souhaite supprimer l’aide médicale d’État (AME) actuelle pour les étrangers sans papiers (pour la limiter aux urgences vitales) ou encore interdire certains emplois « sensibles » aux binationaux, mais aussi réduire drastiquement les flux migratoires, la Fédération hospitalière de France (FHF) rappelle « avec fermeté que les valeurs du service public à l’hôpital comme dans le médico-social, sont incompatibles avec toute forme de discrimination, de rejet ou d’intolérance ». Le puissant lobby de l’hôpital public qui dit avoir « reçu de nombreuses sollicitations » pour s’exprimer insiste sur les « principes fondamentaux du pacte républicain » dont l’égal accès aux soins, « quelle que soit sa condition ou ses origines », mais aussi la « fraternité entre patients, résidents et professionnels ».
Dans la même veine, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) souligne qu’il ne saurait y avoir de « tri » ou de « priorité » des uns au détriment des autres dans le domaine de la santé. Et de rappeler le combat mené en novembre dernier pour défendre l’AME.
Sur ce dernier sujet, Sophie Beaupère, déléguée générale de la fédération des centres de lutte contre le cancer (Unicancer), l’affirme sans ambages. « Il y aura des discussions nourries s’il y avait une volonté de réforme de l’AME : nous donnerons le point de vue des centres dont la volonté est d’accueillir tous les patients. » Quant à la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap, privé non lucratif), elle défend un modèle du « privé solidaire » et propose aux futurs députés de « repenser l’accompagnement des publics fragiles ».
Nous rejetons toute tentative de repli sur soi et de défiance envers les professionnels de santé étrangers
Fédération de l’hospitalisation privée
Mezza voce, les fédérations s’inquiètent aussi de la volonté du RN de supprimer le droit du sol et de suspendre immédiatement les régularisations des travailleurs étrangers sans papiers. Car un tour de vis immédiat et brutal pourrait avoir des conséquences directes sur l’offre de soins dans les établissements de santé.
Soulignant le contexte de tension RH et l’urgence de lutter contre les pénuries de ressources médicales pour anticiper les crises sanitaires à venir, la FHP rejette toute tentation du « repli sur soi ». « La défiance envers les professionnels de santé étrangers participe aussi de cet esprit d’exclusion », explique-t-elle ouvertement. Mettant en avant de son côté le « droit universel à la santé », la Fehap se contente d’évoquer les besoins massifs de professionnels de soins et d’accompagnement dont « la France a désespérément besoin ».
Haro sur les thèses scientophobes et complotistes
Autre argument : la défense de la vérité scientifique à rebours des thèses complotistes ou antivax souvent relayées par l’extrême droite ou qui nourrissent ce vote. « Les progrès en santé et la confiance en la science guident l’action des professionnels de santé, martèle la FHP, au nom des cliniques privées. Le développement de l’innovation au service des patients ne saurait être compatible avec des thèses scientophobes voire complotistes, qui ont pu s’exprimer notamment à la faveur des campagnes vaccinales, et dont les idées les plus extrémistes se nourrissent ».
Les quatre fédérations hospitalières précitées formulent au passage leurs revendications aux futurs députés, notamment leur souhait d’une loi de programmation en santé. Plusieurs d’entre elles devraient à nouveau prendre position entre les deux tours des législatives.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique