Trois semaines après les annonces de la Première ministre, la mise en musique des recommandations de la mission flash sur les urgences et les soins programmés laisse toujours sur leur faim un certain nombre d'acteurs en ville et à l'hôpital.
« Aujourd’hui, nous sommes dans l’impasse et aucune solution ne pointe à l’horizon », estime notamment le Collectif inter-urgences (CIU), qui vient, à son tour de faire une série de propositions concrètes sur les conditions de travail, les salaires, la reconnaissance de la pénibilité des métiers, le management et la politique globale hospitalière.
Contactée par « Le Quotidien », la coprésidente du collectif, Marie-Pierre Martin, estime que les recommandations de la mission Braun sont « déconnectées de la réalité ». Car, non seulement, les mesures préconisées ne sont « pas chiffrées », mais « elles ne coûtent rien pour la plupart et ne donnent pas de perspectives sur le long terme », poursuit l’infirmière qui exerce en région parisienne,
Quant à la régulation médicale préalable systématique par le Samu ou le SAS, « elle s’appuie sur des personnels qui n’existent pas », fustige Marie-Pierre Martin. Celle-ci se demande donc comment tout cela pourrait fonctionner, sachant que « l’on est même pas capable de réguler les appels au Samu au quotidien », et que l’on « manque d’assistants de régulation médicale et de médecins régulateurs ».
Revalorisations insuffisantes
Le Snphare (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi) a également déploré en début de semaine que « le doublement des indemnités de sujétion annoncé par la mission flash pour les urgences n’a pas été entériné ». L'arrêté du 12 juillet prévoit en effet une majoration de 50 % de ces indemnités. L'organisation estime par ailleurs que « la revalorisation de la permanence des soins (gardes et astreintes) ne doit pas s’arrêter au dégel du point d’indice, ce qui représente, pour les gardes (14 heures de travail dont 12 de nuit) une revalorisation de 71 centimes de l’heure) ».
Pour sa part, Action praticiens hôpital (APH) s'est félicité que « le temps de travail additionnel (TTA) des docteurs juniors soit enfin reconnu et rémunéré, mais s’étonne de l’absence d’application de la mesure à l’ensemble des internes, qui travaillent en moyenne déjà 55 heures par semaine ». Si elle salue les mesures de revalorisation des gardes, l'union syndicale regrette la différence de traitement avec les praticiens libéraux mieux rémunérés, et pour lesquels le samedi matin a été intégré dans les plages horaires de la permanence des soins.
Libéraux déçus
L'inquiétude est également forte du côté des maternités. Selon l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF), « les mesures annoncées il y a quelques mois et celles du rapport Braun ne sont et ne seront pas suivies d'effet : il persiste encore des embauches sur des contrats précaires en CDD de courte durée, ou à la garde, en négociant à la baisse le niveau de salaire prévu par l'arrêté du 11 juillet ». Le syndicat rappelle aussi que la possibilité pour les sages-femmes libérales d'exercer en même temps que leur remplaçante est très théorique puisqu'elles ont besoin de repos en été et qu'il est, de toute façon, déjà difficile de trouver des remplaçantes.
Du côté des libéraux, quelques déceptions sont également à noter. Ainsi, l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS) a déploré cette semaine que la mise en place simplifiée de six protocoles de coopérations (cystite, angine, varicelle…) à titre dérogatoire et temporaire pour les trois mois d'été, préconisée par la mission flash ne soit, en fin de compte, réservée qu'aux seules communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
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