Initialement dopé par la crise sanitaire, le recours à l'hospitalisation à domicile (HAD) est en baisse, pour la première fois depuis une dizaine d’années. En effet, à fin août, l’activité de la HAD (en journées) avait régressé de 1,4 %, en comparaison des huit premiers mois de l’année 2021, a annoncé mercredi la Fédération nationale des établissements d'HAD (Fnehad), à l'occasion de ses Universités d’hiver.
Si les derniers mois de l'année laissent entrevoir une légère reprise, il est trop tôt pour savoir si elle est liée à retour de l’activité dans les hôpitaux ou à l’engorgement actuel des urgences, estime la Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fnehad.
Toujours est-il que la tendance est à la stagnation depuis 2021, année déjà marquée par la plus faible croissance enregistrée depuis 10 ans (+ 2,5 %), alors que le secteur avait vu son nombre de journées bondir de plus de 10 % en 2020.
À l’heure où l’hospitalisation conventionnelle enregistre de son côté une chute de son activité, ce recul relatif de l'HAD ne doit pas être considéré comme « une quasi-victoire », tempère la Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fnehad. L’ancienne ministre s’interroge d’ailleurs sur « le retard aux soins que traduisent ces chiffres » et s’inquiète « pour la santé de nos concitoyens ».
« Soupape de sécurité ou pompier » face aux crises
Comment expliquer cette baisse d'activité ? D’abord en raison de l'effet crise sanitaire : les établissements d’HAD étaient encore « très sollicités durant le premier quadrimestre 2021, ce qui n’est quasiment plus le cas en 2022 », relève la présidente de la Fnehad. « Nous ne sommes pas vus comme un élément du parcours naturel du patient mais comme la soupape de sécurité ou le pompier » en période de crise (Covid, urgences, épidémie de bronchiolite), regrette la Dr Élisabeth Hubert.
Certains établissements d'HAD font même l’objet de demandes jugées « limite » par l’ancienne ministre. À titre d’exemple, pour des enfants atteints de bronchiolite, il est tout à fait possible de les « prendre en charge pour le sevrage en oxygène, mais pas en substitution d’une hospitalisation qui sera nécessaire ».
Or, dans le même temps, en soins palliatifs, « 70 % des gens continuent à décéder à l’hôpital », alors que la même proportion « voudrait être suivie jusqu’à la fin de sa vie à domicile », observe la Dr Hubert.
Résistances à l'hôpital
Pour la présidente de la Fnehad, cela montre que les mentalités à l’hôpital peinent à changer. « Quand vous êtes un PH, c’est loin des yeux, loin de mes mains ! », tacle l’ancienne ministre. Selon elle, les praticiens hospitaliers se posent toujours les mêmes questions : « Est-ce qu’ils sauront faire ? Est-ce que l’on pourra prescrire tel dispositif ou telle médication ? » Des interrogations qui n’ont plus lieu d’être, selon la Dr Hubert. D’autant que l’épidémie a montré que l’on pouvait « très bien organiser une consultation à distance », grâce à la télémédecine et aux messageries sécurisées.
Enfin, la fédération milite pour que la réforme du financement de l’HAD, qui devait être initialement mise en œuvre au 1er janvier 2022, soit finalisée en 2023. Le financement de l’HAD dépend à 98 % de la tarification à l’activité. La Fnehad demande, à l’image des autres réformes en cours (urgences, psychiatrie), que l’on valorise l'approche populationnelle et le financement à la qualité.
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