Pas moins de quatre ministres ont donné pour mission aux inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) d’évaluer l’efficience des établissements hospitaliers du secteur public. Et pour cause : « le déficit des établissements publics de santé s’est fortement aggravé entre la période de pré-crise sanitaire et aujourd’hui, passant de 663 millions d’euros en 2019 à 1 milliard en 2022 et une projection estimée de l’ordre de 1,8 milliard en 2023 », soulèvent Éric Lombard (Économie), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Catherine Vautrin et Yannick Neuder (Santé) dès les premières lignes d’une lettre de mission datée du 19 février 2025 et dévoilée par le média en ligne Contexte.
« Cette dégradation de la situation financière des établissements publics de santé, qui survient en dépit d’une forte hausse des financements publics en faveur du secteur, s’est accompagnée d’un accroissement des alertes relayées par les ARS concernant les risques de rupture de trésorerie des établissements », poursuivent les ministres dans leur courrier. En 2024, les hôpitaux publics étaient en effet sortis gagnants de la campagne tarifaire, bénéficiant d’une hausse de 4,3 % contre seulement 0,3 % pour le privé lucratif. Cette année, le public a bénéficié d’une revalorisation de 0,5 %, comme les cliniques.
La situation est « particulièrement prégnante pour les centres hospitaliers, et elle l’est devenue depuis 2023 pour les centres hospitaliers universitaires », écrivent les ministres. Concédant que ce creusement de déficit s’explique en partie par l’inflation et les revalorisations salariales, ces derniers attendent malgré tout « des efforts urgents en direction de l’amélioration de l’efficience dans la gestion des établissements ».
Un rapport attendu pour fin mai
Ainsi, le gouvernement sollicite l’Igas et l’IGF pour évaluer d’éventuels facteurs de la dégradation de l’efficience des hôpitaux, comme l’impact de « l’évolution de la structure des emplois et des rémunérations sur la masse salariale, tant pour les emplois soignants que non soignants ». Mais aussi « des évolutions de l’organisation et des conditions de travail et de la transformation de l’activité avec le virage ambulatoire ». Les deux inspections sont aussi appelées à étudier de près « les tensions de recrutement et les difficultés de fidélisation des personnels ».
Contactée par Le Quotidien, la Fédération hospitalière de France (FHF) ne souhaite pas commenter cette mission à ce stade. « C’est trop tôt, nous venons tout juste d’être sollicités pour une audition », confie-t-on, considérant pour autant que les hôpitaux publics « n’ont pas à rougir de leur efficience ». Vu « l’urgence de la situation des finances publiques », le gouvernement attend un rapport « au plus tard » pour la fin du mois de mai.
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