L’ARS Hauts-de-France a demandé lundi aux établissements de santé de l’Oise d’activer leur plan blanc pour faire face aux fortes tensions sur le système de santé. Elles s'expliquent par la hausse importante de l’activité, en raison de la « survenue simultanée des épidémies de Covid-19, grippe et bronchiolite, combinée à des tensions chroniques sur les ressources humaines », précise l’ARS.
Président de la CME du CH de Beauvais et responsable du Samu 60, le Dr Thierry Ramaherison alerte sur la situation et détaille la réorganisation prévue. Il envisage même, en dernier recours, le rappel de personnels en congés.
LE QUOTIDIEN : Pourquoi l’ARS Hauts-de-France a-t-elle demandé aux établissements de l’Oise de déclencher leur plan blanc ?
Dr THIERRY RAMAHERISON : Les établissements du département rencontrent depuis plusieurs jours des tensions en termes de prise en charge. En fin de semaine dernière, les sollicitations ont augmenté au niveau du Samu-Centre 15 mais on se disait que les choses allaient peut-être se stabiliser avec l’arrivée des vacances. On avait néanmoins mis en place, en milieu de semaine, une cellule de veille pour anticiper les éventuelles difficultés. On avait déjà élaboré quelques scenarii sur la prise en charge des patients, les hébergements.
Il y a régulièrement des tensions en fin d'année mais, en général, cela arrive plutôt début janvier. Contrairement aux années précédentes, on a connu une augmentation d’activité majeure le week-end dernier, malgré le début des vacances scolaires. Samedi, l’activité était analogue à celle du réveillon du Nouvel An et, dimanche dernier, analogue à une activité Covid ! Cela a incité l’ARS à déclencher le plan blanc pour permettre aux établissements de surmonter ces difficultés.
Quelles sont les causes de ces fortes tensions ?
Certes, il y a toujours des cas de Covid. Mais c’est surtout le télescopage de toutes ces épidémies hivernales et l’arrivée des températures négatives qui ont changé la donne. Nous sommes confrontés à de nombreuses hospitalisations de patients polypathologiques qui ont des problèmes respiratoires, infectieux, etc. La situation est particulièrement tendue après deux années rythmées par le Covid qui ont fatigué les équipes médicales et paramédicales.
Dans le cadre du plan blanc, quelles mesures ont été prises dans votre établissement ?
Nous avons tout d’abord évalué le capacitaire pour faire un état des lieux des lits disponibles, que cela soit en médecine ou en chirurgie. Nous allons aussi faire du rappel de personnel paramédical et médical, pour assurer leur rotation et renforcer les services susceptibles d’être sursollicités.
L’idée est d’y aller de manière progressive, en demandant dans un premier temps aux agents présents de faire des heures supplémentaires. Si cela ne suffit pas, on sera contraints de rappeler le personnel sur leurs congés. Mais cela ne se fera qu’en dernier recours, car on sait que les agents ont besoin de repos.
Nous réfléchissons également à l’ouverture éventuelle d’une unité supplémentaire de lits. On sera peut-être aussi obligés d’augmenter notre ligne de réponse qui est partagée par les services d'urgence des établissements de l’Oise : Beauvais, Centre hospitalier intercommunal Compiègne-Noyon, Groupe hospitalier public du Sud de l'Oise, Polyclinique Saint-Côme de Compiègne, etc.
Quelle est votre stratégie sur le volet capacitaire ?
Nous comptons sur les sorties de patients en médecine pour récupérer des lits disponibles. Nous savons aussi que l’activité chirurgicale est moindre en raison des départs en vacances. Il y a aussi pas mal de rotations de patients dans notre unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD).
L’équipe de « bed managers » cherche également des places dans nos établissements partenaires. Le CH de Chaumont-en-Vexin nous a déjà pris quelques patients. On a aussi sollicité les soins de suite et de réadaptation pour qu’ils nous aident à faciliter le flux. Enfin, les établissements se concertent au niveau départemental pour voir comment les choses évoluent, notamment la situation en soins critiques. Car, quand il y en a un qui est en souffrance, les autres se retrouvent très vite en difficulté.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique