Avec environ 9 000 décès par suicide par an, la France garde l’un des taux les plus élevés d’Europe. Afin de mieux comprendre le phénomène et ainsi renforcer les stratégies de prévention, Santé publique France a publié, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de mardi, une série de 7 études sur la question.
Le baromètre 2017 (1), d’abord, s’intéresse aux pensées suicidaires et aux tentatives de suicide chez les 18-75 ans. Il en ressort qu’« en 2017, 4,7 % des 18-75 ans déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois, 7,2 % avaient tenté de se suicider au cours de leur vie et 0,39 % au cours de l’année », indique les auteurs de l’étude. Une grande partie des adultes qui ont déjà tenté de se suicider l’ont fait entre 15 et 19 ans (30 % chez les femmes et 19,5 % chez les hommes).
Des raisons multifactorielles
Par ailleurs, si les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à déclarer des tentatives de suicide (9,9 % chez les femmes contre 4,4 % chez les hommes), les hommes sont plus nombreux à mourir par suicide. Selon l’Observatoire national du suicide, sur les 8 885 morts par suicide recensées en 2014, 6 661 concernaient des hommes contre 2 224 pour les femmes. « L'un des facteurs explicatifs serait l'utilisation de moyens plus létaux chez les hommes (armes à feu, pendaison) entraînant, malgré un plus faible nombre de tentatives, davantage de décès que chez les femmes », soulignent les auteurs.
Plusieurs facteurs associés aux conduites et pensées suicidaires sont par ailleurs identifiés : avoir eu un épisode dépressif, faire face à des situations financières difficiles, être célibataire, divorcé ou veuf, l’inactivité professionnelle, l’exposition aux violences ainsi que les évènements traumatisants dans l’enfance.
Ainsi, les raisons invoquées sont « familiales » (41,4 %), « sentimentales » (32,3 %), « professionnelles » (27,6 %), « financières » (23,7 %) et de « de santé » (23,7 %). Les raisons associées à ces pensées suicidaires évoluent selon l’âge : « les 18-34 ans citaient davantage des raisons « sentimentales » (53,8 % pour les 18-24 ans et 44,9 % pour les 25-34 ans) ; les 45-54 ans citaient davantage des raisons « professionnelles » (37,6 %) et les 65-75 ans des raisons « de santé » (36,8 %) », précise l’étude.
Des pathologies psychiatriques sous-jacentes
Reste que le facteur le plus associé aux pensées suicidaires est un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année. La majorité des tentatives de suicide présente également une pathologie psychiatrique sous-jacente principalement la dépression.
Une approche par régions sur les conduites et pensées suicidaires met également en lumière les zones géographiques les plus touchées. Rapporté au nombre d’habitants, le taux de suicide est le plus élevé dans la région Bretagne (24,7 morts par suicide pour 100 000 habitants), suivie par les Pays de la Loire (21,3), les Hauts-de-France (20,7) et la Normandie (19,5). L’Ile-de-France a le taux le plus bas (7,6), moitié moins que la moyenne nationale (15,8).
Alors qu’un tiers des pensées suicidaires est attribué à des raisons professionnelles, certains secteurs d’activité sont plus exposés. « Les hommes travaillant dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration (6,8 %), des arts et spectacles (6,3 %), de l’enseignement (5,0 %) et de la santé humaine/action sociale (4,5 %) présentaient les taux de prévalence les plus élevés, souligne le BEH. Chez les femmes, les secteurs les plus concernés par les pensées suicidaires au cours de l’année étaient les arts et spectacles (7,5 %), l’enseignement (7,5 %), l’information et la communication (6,8 %) et l’hébergement restauration (6,8 %) ».
(1) 25 319 personnes de 18 à 75 ans interrogées par Collecte assistée par téléphone et informatique (Cati)
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